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Bamberger

Journal sexuel d’un garçon d’aujourd’hui

Avec Arthur Dreyfus
et la complicité de Nicolas Lafitte

Sur les traces de Tricks (1979) de Renaud Camus (lorsqu’il était un écrivain encore fréquentable) ou de Guillaume Dustan et Dans ma chambre (1996), Arthur Dreyfus, 35 ans – à la fois auteur, scénariste, journaliste et réalisateur – a entrepris de raconter cinq ans de la vie sexuelle d’un jeune gay avec son Journal sexuel d’un garçon d’aujourd’hui, dans le moindre détail et sans filtre. L’écrivain s’accompagnera au piano et interprètera ses propres chansons pour nous narrer quelques extraits, ponctués de traits d’humour salutaires sous forme de digressions philosophiques ou psychanalytiques, de ce pavé littéraire de 2294 pages et un kilo et demi, qu’il décrit comme « un livre de vérité et non pas comme de l’autofiction ».


Lecture musicale réservée à un public averti.


À lire :

  • Arthur Dreyfus, Journal sexuel d’un garçon d’aujourd’hui, P.O.L, 2021.
Philippe Bretelle

L’Appel d’Alexandrie

Avec Safaa Fathy, Maylis de Kerangal et Raphaël Imbert
Textes traduits vers l’arabe par Safaa Fathy

Cette année, Oh les beaux jours ! a imaginé un spectacle en partenariat avec le festival Écrire la Méditerranée, qui s’est tenu en juin dernier à Alexandrie. Entre Marseille et la grande ville égyptienne, dont la corniche rappelle celle de la cité phocéenne, il n’y a qu’une mer à traverser et pourtant tant d’écueils à franchir, tant d’idées préconçues à vaincre que la crise pandémique a encore accentuées. Trois auteurs et artistes, qui ne s’étaient jamais rencontrés mais s’étaient lus, écoutés et qui s’admiraient, ont répondu à l’appel lancé depuis l’autre rive.

Ensemble ils ont inventé une forme inédite mêlant littérature, philosophie et musique, sorte d’oratorio contemporain, où l’on entend en français et en arabe leurs voix, où l’on croise celle du philosophe Jean-Luc Nancy, mais aussi celles d’individus qui tentent d’échapper aux guerres, à la violence et à l’injustice en une inépuisable quête d’un monde meilleur. « Ces hommes, femmes et enfants qui fuient leur pays pour rallier l’Europe existent donc sous la forme d’une généralité, une entité aussi floue que massive, et que résorbe son seul mouvement : les migrants. »

Née à Minia, en Égypte, Safaa Fathy est poète, essayiste, dramaturge mais aussi cinéaste, réalisatrice d’un très beau film documentaire, D’ailleurs, Derrida, où elle fait entendre la parole du philosophe à la fin de sa vie, alors qu’il ne peut plus retourner sur les lieux de sa jeunesse en Algérie.
Depuis vingt ans, Maylis de Kerangal est l’autrice de romans et de récits où elle explore des mondes multiples, mobilise autant la philosophie, la littérature que l’histoire de l’art et les sciences. Son écriture met en œuvre de manière sensible une pensée du vivant et de l’attention au monde, aux langages et aux êtres.
Musicien autodidacte, Raphaël Imbert poursuit un chemin atypique dans la grande famille du jazz et des musiques improvisées, artiste et pédagogue exigeant, arrangeur et improvisateur recherché. L’un de ses domaines de prédilection est le spirituel dans le jazz, dimension qu’il aime aussi ausculter dans les musiques soufies. Il est aussi le maître des lieux, puisqu’il dirige le conservatoire Pierre Barbizet, qui accueillera ce spectacle.

Dans la cour de ce haut lieu marseillais de la musique, leurs trois voix et le souffle puissant du saxophone se feront écho pour répondre à l’appel d’Alexandrie.


À lire

  • Jacques Derrida, Safaa Fathy, Tourner les mots, Galillée, 2000.
  • Maylis de Kerangal, Canoës, Verticales, 2021.

À écouter

  • Raphaël Imbert, « Oraison », OutNote, 2021.

En coproduction avec le festival Écrire la Méditerranée et l’Institut français d’Égypte.


Lecture musicale suivie de Thésée, sa vie nouvelle. Billet unique pour la soirée.

Sinbad

Avec Nicolas Lafitte et Lionel Romieu
Adaptation Nicolas Lafitte, création musicale et sonore Lionel Romieu et Nicolas Lafitte

Sinbad et l’atelier Musique pas bête se déroulent également le 7 et le 9 juillet au Parc Longchamp (4e) ainsi que le 20 et le 21 juillet au Parc Billoux (15e), à 14h.

Quelques notes pincées à la mandole comme des gouttes d’eau, le frottement de la peau d’une percussion comme le chant du vent dans les voiles et nous voilà embarqués à bord du navire de Sinbad (aussi appelé Sindbad) ! Au cours de cette merveilleuse traversée sur les mers d’Orient, Lionel et Nicolas vous conteront les aventures extraordinaires du vaillant capitaine originaire de Bagdad :  sa rencontre avec une baleine, son vol dans les griffes d’oiseaux géants, ses combats contre des créatures terrifiantes.

Lionel Romieu est un musicien multi-instrumentiste, capable de jouer tout aussi bien de la guitare, du oud, de la mandole, des percussions que du tuba et de la trompette. !
Nicolas Lafitte est auteur pour la jeunesse, également directeur du festival de musique Tous en sons ! à Marseille et programmateur jeune public pour le musée d’Orsay.

Embarquons pour un voyage musical et fantastique adapté du célèbre conte Sindbad le marin, extrait des non moins célèbres Mille et une nuits !

À lire

  • Sindbad le marin, traduction d’Antoine de Galland, Librio, rééd. 2019.

Musique pas bête, l’atelier

Qui a inventé la musique ? Comment fonctionnent nos cordes vocales ? Qui a inventé la guitare ? Nicolas Lafitte, auteur de Musique pas bête (éditions Bayard et Radio France) et le musicien Lionel Romieu proposent un atelier pour les enfants à partir de 7 ans (et pour leurs parents !). Ils répondront à toutes les questions que les enfants peuvent se poser sur la musique et leur enseigneront un morceau spécialement composé pour Sinbad !

À lire

  • Nicolas Lafitte, Musique pas bête, Bayard/Radio France, 2016.

Lecture musicale et atelier conçus dans le cadre de la manifestation Partir en livre, organisée par le Centre national du livre (Cnl).

Oh les beaux jours ! organise d’autres événements dans le cadre de Partir en Livre du 7 au 22 juillet 2021, dans 3 parcs marseillais (Longchamp, Maison Blanche, François Billoux) ainsi qu’à la nouvelle médiathèque Salim Hatubou, avec Aude Léonard, Jeanne Macaigne, Marie-Élise Masson et Benjamin Chaud.

Le détail des événements est disponible sur le site Partir en livre.

Alexis Vettoretti

Schtilibem

Avec Vîrus, Akosh S. et Gildas Etevenard

Écrivain, journaliste et militant, Georges Arnaud (connu pour Le Salaire de la peur, best-seller publié en 1950 et qui sera adapté au cinéma par Henri-Georges Clouzot) fait la une des journaux en 1941, accusé d’un triple meurtre (ceux de son père, de sa tante et d’une domestique) pour lequel il sera incarcéré pendant 19 mois à la prison de Périgueux alors qu’il proclame son innocence. Une accusation dont il sera lavé le 2 juin 1943 lors d’un procès retentissant, son avocat soulignant les incohérences de l’instruction et sur lequel Georges Arnaud écrira quelques années plus tard avec Schtilibem 41 (pour l’argot signifiant « prison » et pour la date de son enfermement). Un brûlot en forme de cri qui prend aux tripes, devenu au fil des années un ardent plaidoyer pour la liberté et un précieux document sur la langue argotique au milieu du xxe siècle.

C’est de ces deux facettes du livre que s’est emparé le rappeur Vîrus, originaire de Rouen, adepte de sonorités sombres, de textes sans concessions et nourris de figures de style, connu pour ses réflexions autour du langage et de l’écriture dans le rap. Accompagné sur scène de Akosh S., célèbre saxophoniste plutôt versé dans le free-jazz et du batteur, compositeur et interprète Gildas Etevenard, Vîrus proposera, en partant de Schtilibem 41, mélangé à d’autres textes dont les siens et ceux d’autres écrivains, une création originale qu’il nomme un « work in recherche ». Soit une réflexion sur l’enfermement, physique comme musical, artistique comme mental, et évidemment sur la possibilité d’en sortir qui poursuit celle entamée avec son disque « Huis-Clos » sorti en 2015, et qui abordait déjà les questions de l’isolement et l’enfermement.


À lire

  • Georges Arnaud, Schtilibem 41, Finitude, 2008.

À écouter

  • Akosh S., « Apoptose », avec Sylvain Darrifourcq, Meta Records, 2014.
  • Vîrus, sur un texte de Jehan-Rictus, « Les Soliloques du Pauvre », livre-disque, Au Diable Vauvert, 2017.

En coréalisation avec la Ville de Marseille — Musées de Marseille.
Lecture musicale créée à la Maison de la poésie, Paris.


Lecture musicale précédée du Fantôme d’Odessa. Billet unique pour la soirée.

Nicolas Serve

Thésée, sa vie nouvelle

Avec Camille de Toledo, Cleo T. et Valentin Mussou
Lecture musicale suivie d’un « bord de scène » animé par Guénaël Boutouillet

Dès les premières pages de Thésée, sa vie nouvelle de Camille de Toledo – qui n’a pas choisi par hasard le nom de ce héros de la mythologie grecque perdu dans le labyrinthe de sa généalogie – Thésée le narrateur (mais aussi l’auteur) s’échappe de sa «ville de l’ouest» pour rejoindre un autre point d’attache situé plus à l’est, comme si l’amnésie et l’éloignement étaient des réponses pertinentes aux drames qui nous traversent. Le roman, mélange de poésie et de fiction, de poèmes et d’images, de digressions historiques et autobiographiques, de palettes d’écriture et de souvenirs à tiroir, raconte ainsi la fuite d’un père et de ses deux enfants. Comme une manière d’échapper, en s’en tenant le plus loin possible, au suicide de son frère et à la mort de ses parents. Œuvre protéiforme, Thésée, sa vie nouvelle est le récit grand écran et sur quatre générations de l’effondrement de son auteur qui va être obligé, pour mieux se relever, de trouver l’énergie de se confronter à son passé, de faire appel à sa mémoire, histoire d’enfin trouver le courage d’affronter le futur.

Sélectionné dans le carré final du Goncourt 2020, ce roman labyrinthique qui balaie l’histoire du XXe siècle, dans lequel il faut se laisser entraîner, et que l’auteur, aussi plasticien et vidéaste, considère comme une installation sera mis en musique par le violoncelliste Valentin Mussou, lu par la comédienne et musicienne Cleo T. et Camille de Toledo. Pour l’occasion, dans la belle cour du conservatoire, il sera accompagné de projections de photographies tirées de l’ouvrage et de courts-métrages réalisés par l’auteur, offrant de nouvelles perspectives à cette grande odyssée post-moderne.


À lire :

  • Camille de Toledo, Thésée, sa vie nouvelle, Verdier, 2020.

Lecture musicale précédée de L’Appel d’Alexandrie. Billet unique pour la soirée.

UrbanMythology

Les Réveilleurs de soleil

Avec Oxmo Puccino et Eddie Purple

Né au Mali en 1974, Oxmo Puccino est devenu depuis « Opéra Puccino » son premier album en 1998, et sans compter la dizaine d’autres qui ont suivi, une figure incontournable du rap français, souvent comparé à Jacques Brel pour sa maîtrise des mots et son phrasé incomparable, surnommé le «poète de la chanson française» et récompensé d’une Victoire de la musique pour le meilleur album de musiques urbaines en 2013, après un recueil de tweets (140 piles), de poésie (Mines de cristal) et de souvenirs d’une tournée (Au fil du chant).

Oxmo Puccino vient de publier son quatrième livre, Les Réveilleurs de soleil, qui est aussi son premier véritable roman. Il y raconte l’histoire de la jeune Rosie, dix ans, et de son grand-père, Edmond, qui fabrique des médicaments à base de poudre de plantes qui guérissent toute la région. Mais le soleil ne se lève plus, les plantes se meurent et Edmond, malade, ne peut plus se soigner. Bien décidée à réveiller le soleil, Rosie prend ainsi la route à la rencontre de personnages qui pourront l’aider dans sa démarche. Conte fantastique, philosophique et écologique, qui évoque tout autant Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry, Le Magicien d’Oz ou le Charlie et la chocolaterie du réalisateur Tim Burton, Les Réveilleurs de soleil est aussi une ode à la jeunesse et à son engagement face à une crise climatique dont la plupart des adultes ne se soucient pas.

Un roman multigénérationnel et féministe qui atteste d’une nouvelle facette du génie d’Oxmo Puccino dont l’auteur lira des extraits entrecoupés de quelques-uns de ses plus grands tubes, accompagné dans la cour de la Vieille Charité par son complice, le guitariste Eddie Purple.


À lire :

  • Oxmo Puccino, Les Réveilleurs de soleil, JC Lattès, 2021.

À écouter :

  • Oxmo Puccino, La Nuit du réveil, All Points, 2019.

En coréalisation avec la Ville de Marseille — Musées de Marseille.


Lecture musicale suivie de The Unreal Story of Lou Reed by Fred Nevché & French 79.
Billet unique pour la soirée.

Michel Sabah

Mari Moto

Avec Dorothée de Monfreid et Thomas Savy

Mari rêve d’exploits et d’aventures. Mais avec des parents aussi protecteurs que les siens, pas question d’aller plus loin que le bout du jardin. C’est alors qu’un ouragan va changer le cours de sa vie, ravageant tout sur son passage. Ses parents et sa grand-mère sont blessés, les lignes de téléphone sont coupées, Mari est la seule à pouvoir sauver sa famille ! Et pour aller chercher les secours, elle a une super idée : emprunter la vieille moto rouge de sa grand-mère. Bon, d’accord, Mari n’a que 10 ans… mais ses pieds atteignent bien les pédales, non ? Casque vissé sur la tête, la voilà qui se lance sur les petites routes de campagne au milieu des arbres déracinés. Parviendra-t-elle à rejoindre la ville sans tomber en panne d’essence ? Elle va devoir affronter bien des dangers et sauver bien des vies lors d’un périple initiatique digne des grands romans d’aventure !

À la fois récit et BD, Mari Moto est un roman graphique pour petits et grands, dernier livre de Dorothée de Monfreid, qui écrit pour la jeunesse (mais pas que, il faut lire impérativement son formidable Les Choses de l’amour, paru aussi cette année), joue du ukulélé et travaille même depuis peu à l’adaptation de ses livres pour une série animée.

Pour Oh les beaux jours !, elle a souhaité nous présenter son héroïne débrouillarde en compagnie d’un musicien de jazz hyper talentueux, le clarinettiste et compositeur Thomas Savy, adepte des croisements et de l’improvisation, associé aussi régulièrement à des projets de musique contemporaine ou d’électro. L’histoire ne dit pas encore s’ils feront vrombir la moto de Mari dans la cour de la Vieille Charité…


À lire :

  • Dorothée de Monfreid, Mari Moto. Seule contre l’ouragan, Seuil, 2021 ; Les Choses de l’amour, Misma, 2020.

À écouter :

  • Thomas Savy, « Archipel2: Bleu », Plus Loin Music, 2014.

En coréalisation avec la Ville de Marseille — Musées de Marseille.

Où es-tu ?

Avec Keren Ann et Irène Jacob
Spectacle créé en complicité avec la chorégraphe Joëlle Bouvier

Au printemps 2020, empêchées de se voir comme le reste du monde, la chanteuse Keren Ann, confinée à Paris, et la comédienne Irène Jacob, dans les Cévennes, démarrent une conversation qu’elles donnent à voir et à entendre sur les réseaux sociaux. Le principe est simple, chaque dimanche soir, Keren Ann interprète une chanson de son répertoire à laquelle Irène répond avec un texte poétique. Prend alors forme une singulière correspondance où l’univers musical de la chanteuse rencontre à travers la voix de la comédienne les mots de Baudelaire, Charles Bukowski, Andrée Chedid, Paul Éluard ou Germaine Kouméalo Anaté… Au fil de ce dialogue à distance, la communauté d’auditeurs s’agrandit et attend comme un rendez-vous fragile et précieux la rencontre hebdomadaire de ces deux artistes. Lorsqu’enfin le premier confinement se termine, elles décident de prolonger sur scène leur discussion. Ainsi est né ce spectacle, où la poésie se frotte à la musique dans une conversation intense et personnelle qui défie l’espace et le temps, repoussant les frontières de l’imagination pour pallier l’absence de voyages.

Au cinéma, Irène Jacob a été l’inoubliable interprète de La Double vie de Véronique de Krzysztof Kieślowski, on l’a vue aussi sous la direction de Wim Wenders ou de Michelangelo Antonioni, au théâtre mise en scène par Irina Brook ou Thomas Ostermeier, et elle a publié un premier roman il y a deux ans. Depuis 2000, à travers les chansons qu’elle écrit pour les autres (Benjamin Biolay, Henri Salvador…) et ses dix albums personnels dont le dernier, Bleue, Keren Ann s’est imposée comme l’une des auteures-compositrices-interprètes les plus subtiles et passionnantes de sa génération.

En fusionnant leurs univers intimes, en dévoilant les cercles de pensée, les voix et les musiques qui les accompagnent, Keren Ann et Irène Jacob nous entraînent à grande vitesse dans un voyage immobile. Un spectacle idéal pour clore en douceur une intense semaine de festival, dans le décor enchanteur du fort Saint-Jean !

Où es-tu ? »

« Là, juste là, devant toi…


À lire :

  • Irène Jacob, Big Bang, Albin Michel, 2019.

À écouter :

  • Keren Ann, Bleue, Polydor, 2019.

Lecture musicale précédée de Comédies françaises. Billet unique pour la soirée.


En coréalisation avec le Mucem.

Francesca Mantovani-Gallimard

Le fantôme d’Odessa

Avec Camille de Toledo, Cleo T. et Valentin Mussou
Avec les dessins d’Alexander Pavlenko.
Lecture musicale suivie d’un « bord de scène » animé avec Guénaël Boutouillet

Mai 1939. L’écrivain Isaac Babel, auteur de classiques comme Récit d’Odessa et La Cavalerie rouge, est arrêté par le NKVD, la police politique russe, et incarcéré à la prison de Loubianka où il sera interrogé et torturé pendant huit mois avant d’être fusillé le 27 janvier 1940. Ce que le pouvoir russe lui reproche, c’est de s’être rendu à Paris pour comploter contre le régime, alors qu’il venait en fait rendre visite à sa fille Nathalie, âgée de quatre ans. Une visite dont il reste une unique photo, en forme de preuve, prise par la mère de sa fille, sur laquelle Isaac Babel apparaît grave et distant, petites lunettes rondes vissées sur le visage.

C’est à ces derniers mois de la vie du dissident que s’est consacré Camille de Toledo et surtout à cette longue lettre qu’il écrit à sa fille depuis sa cellule, entre deux séances de torture. Pour tenter d’approcher le mystère de Babel, l’écrivain a choisi le format de la bande dessinée et comme pour son précédent roman graphique, Herzl, qu’il était venu présenter au festival il y a trois ans, il s’est associé au dessinateur Alexander Pavlenko pour un récit qui navigue entre biographie et fiction. Alternant noir et blanc et couleur, traits sombres et cubistes, Le Fantôme d’Odessa tourne autour de cette fameuse lettre-testament dédiée à Nathalie. Un texte qu’on peut envisager comme un témoignage qui n’aurait pas délivré encore tous ses secrets, un fil sur lequel les auteurs tirent pour percer un mystère encore prégnant, le point de départ d’interrogations multiples sur les motivations de Babel ou le testament d’un homme qui sait qu’il a déjà choisi la mort.

C’est accompagné de l’artiste et musicienne Cleo T. et du violoncelliste Valentin Mussou que Camille de Toledo, projections des dessins de Pavlenko et lectures à l’appui, essaiera de creuser un peu plus l’énigme Isaac Babel qui le fascine tant.


À lire :

  • Camille de Toledo et Alexander Pavlenko, Le Fantôme d’Odessa, Denoël Graphic, 2021.

En coréalisation avec la Ville de Marseille — Musées de Marseille.


Lecture musicale suivie de Schtilibem. Billet unique pour la soirée.

Mounir Taieb

Comédies françaises

Avec Maud Geffray et Éric Reinhardt

Comédies françaises fut l’un des romans les plus enthousiasmants de la dernière rentrée littéraire. Son auteur, Éric Reinhardt (que l’on entendra aussi durant le festival interviewé par ses lecteurs samedi 17 juillet à 11h), a eu envie d’en faire une lecture sur scène accompagné en musique, comme il l’avait déjà fait pour son précédent roman avec le groupe Feu! Chatterton. Cette fois, c’est vers la talentueuse et éclectique compositrice et DJ électro Maud Geffray (moitié de Scratch Massive) qu’il s’est tourné pour composer la bande-son d’un livre aux récits multiples, où la véritable histoire de la découverte d’Internet et la puissance des lobbies industriels français le disputent à l’épiphanie amoureuse.

On retrouvera donc Dimitri, le personnage principal du roman, un jeune journaliste idéaliste qui poursuit des recherches sur le datagramme, l’ancêtre d’Internet inventé en France, et qui va être littéralement saisi par la beauté d’une jeune femme dans les rues de Madrid jusqu’à ce que cette vision ne le quitte plus, virant à l’obsession. On découvrira aussi la figure d’Ambroise Roux, grand patron de l’industrie française des années 1970, qui avait des femmes une vision bien moins romantique, incarnant à lui seul le capitalisme d’influence et le vieux monde…

Sur la scène du fort Saint-Jean, les platines nerveuses et organiques de Maud Geffray imposeront leur univers pop électro qui viendra se mêler à la voix douce et posée d’Éric Reinhardt, comme si le temps d’un soir la musique se faisait littérature…

Une lecture qui donne frénétiquement envie de danser et une musique qui donne impulsivement envie de lire !


À lire :

  • Éric Reinhardt, Comédies françaises, Gallimard, 2020

À écouter :

  • Maud Geffray, Free Fall, Warrior Records, EP, 2021.

Lecture musicale suivie de Où es-tu ?. Billet unique pour la soirée.


Lecture musicale créée à la Maison de la poésie, Paris.
En coréalisation avec le Mucem.