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Pascal Ito Flammarion

La part du rêve

Avec Charly Delwart et Bernard Lahire
Rencontre animée par Yann Nicol

Depuis sa création, le festival Oh les beaux jours ! aime croiser les paroles d’auteurs et de chercheurs en mêlant littérature et sciences humaines. Qu’ont en commun l’écrivain Charly Delwart et le sociologue Bernard Lahire ? Le rêve ! Si la psychanalyse en a fait une composante majeure de ses champs d’études, la sociologie en revanche l’avait jusqu’ici largement ignoré. Bernard Lahire, lui, a pénétré la logique même de la fabrication des rêves et les relie aux expériences que les individus ont vécues dans le monde social. En tenant compte des nombreuses avancées scientifiques qui ont eu lieu depuis Freud et son Interprétation du rêve, il livre sa pensée dans deux ouvrages passionnants, qui se lisent presque comme des romans. C’est justement un rêve récurrent qui va bouleverser la vie du héros du dernier roman de Charly Delwart : Thomas, producteur de cinéma, se met à rêver de plus en plus souvent qu’il est nain et voilà que, loin d’être un handicap, cela le rend meilleur dans sa vie affective et professionnelle. Comme s’il lui suffisait de devenir plus petit pour que son horizon s’agrandisse. Faut-il suivre les rêves qu’on fait ? Une rencontre au cœur de nos rêves pour comprendre ce qui nous travaille obscurément et élaborer une stimulante théorie de l’expression onirique !


À lire

  • Bernard Lahire, La Part rêvée. L’interprétation sociologique des rêves vol. 2, La Découverte, 2021.
  • Charly Delwart, Le Grand Lézard, Flammarion, 2021.

En coréalisation avec le Mucem.

Benjamin Chaud

Les Marsus !

Avec Benjamin Chaud et Gildas Etevenard

Depuis quelques années, Benjamin Chaud (qui a illustré plus de 70 livres dont les inoubliables séries Taupe et Mulot, Pomelo ou La fée Coquillette) s’amuse à revisiter  – sans en trahir l’esprit – l’univers désopilant du Marsupilami de Franquin dans une série d’albums intitulée « Les petits Marsus », dont il est à la fois l’auteur et l’illustrateur. Les petits Marsus, curieux, espiègles et toujours optimistes, vont à l’école, découvrent la grande ville et ont l’art de rencontrer de drôles de créatures… Parfois il leur arrive des malheurs comme ce jour terrible où une effroyable tempête souffle le nid douillet qu’ils occupent avec leurs parents. Quittant leur jungle à la recherche d’une nouvelle maison, ils marchent longuement avant d’atteindre un endroit qui leur semble hospitalier, mais les habitants n’y sont guère accueillants…

Suite de l’histoire en direct avec Benjamin Chaud pour un concert dessiné aux couleurs éclatantes, en compagnie musicale d’un habitué du festival, Gildas Etevenard. Vive les Marsus !


À lire :

  • Benjamin Chaud, Le Très Grand Marsu, Little Urban, 2020 ; Le Nouveau Nid des petits Marsus, Little Urban, 2017.
Nicolas Serve

Monstres

Avec Tiffany Tavernier et David Vann
Rencontre animée par Guénaël Boutouillet et traduite de l’anglais par Marguerite Capelle

Mon voisin le tueur. Tel aurait pu être le titre du dernier roman de Tiffany Tavernier. Elle a préféré L’Ami. L’ami, c’est donc Guy, arrêté un samedi matin par des policiers casqués, armes au poing, sous les yeux stupéfaits de Thierry, personnage casanier et solitaire qui avait fait de son voisin bricoleur son unique copain. Guy est accusé d’être le tueur en séries de fillettes assassinées dans la région. Sentiment de trahison, déni, culpabilité, colère, chagrin… Comment Thierry n’a-t-il pas vu que son ami était l’incarnation du mal ? Mais ce qui intéresse Tiffany Tavernier va bien au-delà de la description d’un effroyable fait divers qui va entraîner la dissolution d’un couple. Des interrogations de Thierry sur la monstruosité de Guy jaillissent des questionnements intimes et désordonnés qui vont l’obliger à considérer tout ce qu’il avait jusqu’ici refoulé…

Des monstres, il y en a aussi sur l’île indonésienne de Komodo où Tracy, une mère de famille californienne au bord du burn-out, délaissée par son mari et épuisée par ses jumeaux, vient rejoindre son frère et sa mère pour un séjour de plongée qui s’annonce enchanteur et réparateur. L’écrivain américain David Vann (Sukkwan Island) est un maître du thriller psychologique et sa plongée dans les eaux troubles de la famille est une fois encore aussi féroce et drôle qu’abyssale et glaçante. Jamais le monde sous-marin n’a été aussi bien mis en abyme, décor d’un duel fratricide qui confronte nature humaine et créatures marines, sonde en virtuose la palette du sentiment haineux et met au jour l’indicible.

Deux grands romans d’introspection de l’âme humaine pour aller au-delà des apparences et dompter les monstres qui sommeillent en nous…


À lire

  • Tiffany Tavernier, L’Ami, Sabine Wespieser, 2021.
  • David Vann, Komodo, Gallmeister, 2021.

Suzanne et Louise

Avec Xavier Legrand
Conception Colombe Boncenne et Arnaud Cathrine

Lorsqu’il publie Suzanne et Louise, en 1980, Hervé Guibert est encore un jeune écrivain peu connu. Il a 24 ans, il est d’une beauté troublante et a publié son premier roman, La Mort propagande, trois ans plus tôt, il s’adonne aussi à la photographie et publie des chroniques culturelles pour le journal Le Monde. Suzanne et Louise campe l’histoire de ses tantes qui vivent depuis quarante sans sortir de leur hôtel particulier du XVe arrondissement parisien gardé par un gros berger allemand. Entre les deux sœurs un peu folles s’est installé au fil des années un étrange rapport de domination et d’amour-haine, Suzanne, la veuve, utilisant Louise, la célibataire ancienne carmélite, comme sa domestique. Rare membre de la famille à leur rendre visite, Guibert est fasciné par ce drôle de rituel et, fin observateur, va pousser ses tantes dans leurs retranchements les plus intimes. En les convainquant de se laisser photographier et scénarisant de plus en plus les prises de vue, il mélange réalité et fiction, amour et cruauté, images et textes, tout en posant les bases de l’autofiction qui lui est chère : « En dévoilant ainsi à d’autres (…) des corps familiers, des corps aimés ; je ne fais qu’une chose – et c’est une chose énorme je crois, c’est en tout cas le but de toute mon activité, de toute ma prétention créatrice – : témoigner de mon amour. »

Réédité en version enrichie par l’excellente collection L’Arbalète, Suzanne et Louise trouve enfin la place qu’il méritait dans l’œuvre de Guibert. À cette occasion le réalisateur, scénariste et comédien Xavier Legrand, dont le film Jusqu’à la garde avait obtenu quatre César en 2008 (dont ceux du meilleur film et du meilleur scénario), prêtera sa voix à l’auteur pendant que les photos des deux drôles de dames seront projetées sur grand écran.


À lire

  • Hervé Guibert, Suzanne et Louise, coll. L’Arbalète, Gallimard, 2019.

À voir

  • Xavier Legrand, Jusqu’à la garde, DVD Blaq Out, 2018.

Lecture créée à la Maison de la poésie, Paris.

Traduire dans le monde arabe

Avec Sobhi Bouderbala, historien, titulaire de la chaire Averroès IMéRA 2020-2021
Conférence sur les écrits historiques sur l’Islam en Occident et leur résonance


Le mouvement de traduction dans le monde arabe dans le domaine des sciences humaines et sociales connaît une grande dynamique depuis quelques décennies. Philosophes, sociologues et historiens qui écrivent dans les langues occidentales sont régulièrement traduits et commentés en arabe. Parmi les disciplines visées par ce mouvement, il y a les études qui touchent à l’Islam. Les traductions varient du travail rigoureux aux réponses polémiques, dans le cadre de ce qu’on appelle «la réfutation de l’orientalisme».

Lors de cette conférence, l’historien Sobhi Bouderbala se posera la question des objectifs de ces traductions, de leurs commanditaires et des principales caractéristiques de ce mouvement. Il se demandera aussi quelles sont les raisons d’un dialogue biaisé puisque les œuvres en langue arabe sur l’Islam sont, quant à elle, ignorées et rarement commentées en Occident.

Cette rencontre est programmée dans le cadre du Collège de Méditerranée, un cycle de conférences itinérantes où des chercheurs vont toute l’année à la rencontre du public, avec l’ambition de replacer les sciences humaines au cœur de la cité et d’interroger à travers le temps long de l’histoire des thèmes qui trouvent un écho dans le monde contemporain.

Membre fondateur du Collège de Méditerranée, originaire de Tunisie, Sobhi Bouderbala est historien. Docteur en Histoire (université Paris-1), il a été chercheur associé à l’Institut français d’archéologie orientale (Ifao) du Caire (2009-2013). Il est également codirecteur du programme «Provinces et empires : l’Égypte islamique dans le monde antique» (Ifao/Université de Leyde/The Institute for the Study of the Ancient World, New-York/ Laboratoire Islam médiéval CNRS-UMR 8167 Orient et Méditerranée).


À consulter


Sobhi Bouderbala est résident en 2020-2021 à l’IMéRA où il est titulaire de la Chaire Averroès (IMéRA/A*MIDEX-AMU).

DR

Le monde du vivant

Avec Florent Marchet et Elliot Royer

Cet été-là, Solène a quatorze ans et maudit son père d’avoir bouleversé sa vie d’adolescente en l’entraînant, ainsi que sa mère et son frère, dans une ferme biologique, loin d’Orléans. Les corvées agricoles n’arrêtent jamais, c’est la fin du collège et le début du sentiment amoureux, l’éveil de la sexualité… Alors que les moissons approchent, un accident survient, handicapant sa mère et obligeant le père à embaucher un ouvrier. Ce nouveau venu va chambouler l’équilibre familial. En plein cœur de juillet, la vie va s’embraser…

Telle est l’amorce du premier roman de celui qui n’en est pourtant pas à ses premiers écrits puisqu’il s’agit du chanteur, auteur et compositeur Florent Marchet qui, depuis près de 15 ans, a sorti cinq albums solo, deux albums avec le groupe Frère Animal et écrit une dizaine de musiques de films. Fidèle compagnon d’écrivains, d’Arnaud Cathrine ou de Nicolas Mathieu (on se souvient de leur magnifique duo littéraire et musical sur la scène de la Criée lors du festival il y a deux ans), Florent Marchet a créé un grand nombre de lectures musicales, mêlant des extraits de romans à ses propres compositions. C’est donc tout naturellement à cet exercice qu’il va s’adonner au conservatoire avec, cette fois, son propre texte dont les thématiques résonnent avec celles de ses chansons. Pour l’accompagner d’une manière originale, il a choisi un jeune et talentueux dessinateur, Elliot Royer, qui dessinera en direct, avec une technique surprenante et spectaculaire, nous entraînant avec ses pinceaux au cœur de la France des campagnes, dans une plongée à la fois poétique et documentaire.

Une lecture musicale et dessinée qui s’adresse à tous et regarde le monde contemporain droit dans les yeux.


À lire

  • Florent Marchet, Le Monde du vivant, Stock, 2020.

À écouter

  • Florent Marchet, « Frère Animal, second tour », Pias, 2016 ; « Bambi Galaxy », Pias, 2014.

 

Nicolas Serve

À la folie

Avec Lisa Mandel et Joy Sorman
Rencontre animée par Yann Nicol

Comment rendre compte de la réalité de la psychiatrie en France aujourd’hui ? C’est à ce problème de santé publique, largement minimisé, que se sont attaquées – avec le dessin pour l’une, l’écriture pour l’autre – l’autrice BD Lisa Mandel et l’écrivaine Joy Sorman. Si Lisa Mandel est connue pour sa récente web-série et BD Une année exemplaire ou pour La Famille Malfa, une série de strips parus dans Le Monde qui posent un regard drôle et grinçant sur la notion de famille, elle s’intéresse depuis plus d’une dizaine d’années au monde de la psychiatrie. Avec HP1. L’asile d’aliénés (2009) et HP2. Crazy Seventies (2013), et sans compter un prochain volume autoédité qui clôturera cette trilogie, Lisa Mandel a puisé dans les souvenirs et les témoignages de sa mère et son beau-père, infirmiers dans un hôpital psychiatrique de Marseille, ainsi que de leurs collègues, pour dresser une grande fresque sur les maladies mentales qui s’étend de 1978 à 1982.

Joy Sorman, qui n’aime rien tant que s’immerger dans des mondes différents avant d’écrire (une gare pour Paris gare du Nord, des abattoirs pour Comme une bête, un fabricant de lits pour Lit national…) a partagé le quotidien des soignants et des patients d’une unité de soin psychiatrique tous les mercredis pendant un an avec l’autorisation de circuler librement dans le pavillon 4B qui comprend douze lits et une chambre d’isolement. Dans À la folie, elle nous plonge dans l’ambiance des hôpitaux psychiatriques, décrit les patients qu’elle croise et avec qui elle échange, détaille les traitements chimiques, le tout avec une écriture d’une précision chirurgicale et un sens de l’observation hors-norme, mêlant sensible et intelligible.

D’un même élan, des liens se tissent entre les dessins de l’une et la narration de l’autre, dressant l’inventaire d’un système hospitalier épuisé qui se déshumanise tout en posant la question fondamentale : qu’est-ce que la folie ? Rencontre avec deux autrices engagées qui n’ont pas peur de sonder les parts sombres de notre société.

Pour l’édition 2019 du festival, Joy Sorman était venue présenter les prémisses de À la folie dans une lecture musicale intitulée Fou comme un lapin, accompagnée par Rubin Steiner.


À lire

  • Joy Sorman, À la folie, Flammarion, 2021.
  • Lisa Mandel, HP. 1 – L’asile d’aliénés ; HP. 2 – Crazy Seventies, L’Association, 2009 et 2014.
Amandine Bailly

Les parents véritables

Avec Pierric Bailly et Thibault Bérard
Rencontre animée par Guénaël Boutouillet

Lorsqu’Aymeric, le personnage principal du roman de Pierric Bailly, retrouve Florence, qu’il a connue naguère et qui a quinze ans de plus que lui, il vient de sortir de prison et elle va mettre au monde seule un enfant. Aymeric emménage avec elle, l’accompagne dans cette naissance et se découvre peu à peu une vocation de père, entretenant avec le petit Jim un lien fort et complice, l’élevant en pleine nature avec Florence. Jusqu’à ce que Christophe, le père biologique de Jim, dévasté par un drame personnel, surgisse dans leur vie et qu’il y retrouve un rôle de premier plan, évinçant insidieusement Aymeric avec la complicité machiavélique de Florence…

La parentalité est aussi au cœur du roman de Thibault Bérard. Cléo, une jeune femme dont le rire solaire masque une histoire familiale tourmentée, s’installe chez Théo, veuf et père de deux jeunes enfants, bien décidée à ce qu’ils soient heureux tous les quatre. Peut-on devenir la mère d’enfants qui ne sont pas les siens, quand leur mère ne sera plus jamais là et quand soi-même on a eu une mère qui a toujours placé sa quête de liberté au-dessus de son amour filial ? Et peut-on à son tour se décider à mettre au monde un enfant ?

Est-il possible de s’attacher à des enfants hors des liens du sang ? Tel est le questionnement à l’origine de ces deux très beaux romans parus cette année.


À lire

  • Pierric Bailly, Le Roman de Jim, P.O.L, 2021.
  • Thibault Bérard, Les Enfants véritables, Les éditions de l’Observatoire, 2021.

Voix singulières

Avec Maylis de Kerangal et Sylvain Prudhomme
Rencontre animée par Yann Nicol

Oh les beaux jours ! est un jeune festival et pourtant Maylis de Kerangal et Sylvain Prudhomme en sont déjà les compagnons fidèles. Outre le plaisir que nous avons à les réunir (et il paraît qu’eux aussi sont très contents !), ils ont en commun cette année d’avoir un temps délaissé le genre romanesque pour se glisser, avec brio, dans la peau d’auteurs de nouvelles.

Dans Les Orages, Sylvain Prudhomme (prix Femina 2019 pour Sur les routes) explore en treize nouvelles le moment où un être vacille, où tout à coup il est nu. Comme toujours, son écriture précise, tout en délicatesse, donne chair à des personnages qui, cette fois, sont confrontés à des choix, à instants décisifs où leur vie peut basculer. Avec la maîtrise des grands novellistes, l’écrivain parvient à faire résonner ces courts récits, qui dialoguent subrepticement et révèlent avec douceur et éclat les éclaircies qui suivent inévitablement les orages. Et l’on est saisi par sa capacité à faire surgir les possibles de toute vie, à questionner déterminisme et libre-arbitre sans jamais porter de jugement sur les êtres, nous transportant sans effet d’une histoire à l’autre en équilibre sur le fil fragile des existences.

Avec Canoës, Maylis de Kerangal a souhaité écrire un « roman en pièces détachés », avec une novella centrale, « Mustang », qu’entourent sept récits. Tous ont en commun de sonder la nature de la voix humaine, ses vibrations et ses mues, sa capacité d’adaptation aux tourments et aux bouleversement de nos vies mais aussi ce qu’elle trahit de nos histoires et de nos origines. Une jeune femme française, qui s’installe en famille dans le Colorado et s’y sent totalement dépaysée, surprend les changements d’inflexion de la voix de son mari quand il lui parle français, révélant son intégration. Un homme ne parvient pas à changer le message du répondeur où l’on entend la voix de sa femme, pourtant morte depuis plus de cinq ans ; un frère qui bégaie peine à féliciter sa sœur qui vient d’obtenir son bac… Habituée à ce qu’elle nomme elle-même des « livres machines », romans aux amples constructions faisant s’imbriquer des rouages multiples, l’écrivaine impressionne ici par la force de monologues écrits à la première personne, où elle confesse être allée chercher sa propre voix parmi celles de ses personnages.

Deux recueils de nouvelles comme autant de constellations qui s’assemblent pour faire briller des voix singulières.


À lire

  • Maylis de Kerangal, Canoës, Verticales, 2021.
  • Sylvain Prudhomme, Les Orages, L’Arbalète/Gallimard, 2021.

En coréalisation avec la Ville de Marseille — Musées de Marseille.

Trésor national

Avec Sedef Ecer et Gülay Hacer Toruk
Mise en scène de Victoire Berger-Perrin

Dramaturge, scénariste, née à Istanbul, Sedef Ecer a fait paraître au début de l’année son premier roman, Trésor national. À travers la vie tourmentée d’une diva du cinéma stambouliote, Esra Zaman, elle y fait le récit d’une passion amoureuse mais aussi d’une Turquie marquée par les soubresauts politiques, les dérives nationalistes et les combats pour la laïcité. Hülya, qui se fait désormais appeler Julya, a quitté Istanbul et s’est installée à Paris, coupant tout lien avec sa mère, une actrice adulée du cinéma turc, véritable « trésor national» qui l’a élevée sur les plateaux et ne s’est guère occupée d’elle. Et voilà qu’à la veille de sa mort, l’actrice prépare le dernier spectacle de sa vie, son enterrement au Théâtre de la Ville d’Istanbul, et qu’elle charge sa fille de lui écrire un discours comme pour mieux obtenir son pardon et dissiper les secrets qui entourent la mort du père de Julya…

Écrit sous forme d’un long monologue d’une fille à sa mère, cet éloge funèbre se transforme donc en un roman passionnant que Sedef Ecer – dont l’histoire personnelle n’est pas sans rappeler celle de sa narratrice – lira sur scène, accompagnée par Gülay Hacer Toruk. La chanteuse, considérée comme l’une des voix les plus marquantes du chant traditionnel turc et qui joue également du bendir, réinterprètera pour l’occasion les chansons des plus grands mélodrames turcs, nous transportant dans l’histoire méconnue d’un « Hollywood sur le Bosphore » du siècle dernier.

Laissez-vous embarquer dans une vaste fresque peuplée de personnages attachants et de grandes figures féminines confrontées aux tourments de l’histoire, où s’entremêlent subtilement fiction et réalité.


À lire

  • Sedef Ecer, Trésor national, JC Lattès, 2021.