Karim Kattan dialogue avec les élèves de 1re du lycée Thiers (Marseille)
Chaque année, Oh les beaux jours ! propose à des lycéens d’aller à la rencontre d”un écrivain, après l’avoir lu avec attention. Cette année, Karim Kattan a accepté de se prêter à l’exercice. Auteur palestinien, né à Jérusalem en 1989, docteur en littérature comparée, Karime Kattan écrit en français et en anglais. Il a publié trois ouvrages aux éditions Elyzad : un recueil de nouvelles, Préliminaires pour un verger futur (2017), et deux romans (Le Palais des deux collines et L’Éden à l’aube).
Accompagnée par la critique littéraire Élodie Karaki, une classe de 1re du lycée Thiers a décortiqué le premier roman de l’auteur, questionnant ainsi la place des fantômes d’un passé — niché entre deux collines — qui se recompose par bribes. La narration, qui emprunte au merveilleux et à l’oralité, aborde tout à la fois les questions de l’exil, de l’héritage familial et de l’enfance. De quoi alimenter de nombreuses pistes de réflexions et ainsi faire naître de belles, et parfois étonnantes, questions !
À lire
Karim Kattan, Le Palais des deux collines, Éditions Elyzad, 2022.
Dans cet atelier, animé par l’autrice-illustratrice Lisa Laubreaux, les enfants sont invités à personnaliser leur aire de jeu avec des modules abstraits représentant des ponts, des tunnels et des obstacles.
Un atelier ludique pour réfléchir au lien entre le dessin et le jeu, et au passage de la 2D à la 3D pour créer des décors en volume.
Avec Jean-Marie Laclavetine, président du jury, et les étudiants lauréats.
Né l’an dernier, alors que le monde étudiant souffrait particulièrement de l’isolement créé par la pandémie, le Prix Écriture et création est décerné conjointement par Aix-Marseille Université et Oh les beaux jours !.
Il s’adresse uniquement aux étudiants d’AMU, issus de toutes les disciplines. Nouvelle, court récit, journal, poème, bande dessiné, roman-photo… tous les genres sont permis, à condition que les jeunes auteurs respectent la thématique choisie cette année, « Et j’ai su que ce trésor était pour nous », elle-même inspirée du titre d’un des derniers romans de l’écrivain Jean-Marie Laclavetine, par ailleurs éditeur, qui préside le jury 2022.
La remise du prix sera accompagnée d’une lecture des meilleures contributions. Dix textes seront par ailleurs publiés en septembre dans un livre coédité par AMU et Oh les beaux jours !.
Le prix 2022 est dédié à Robert Fouchet, qui en fut à l’heureuse initiative et qui nous a quittés le 28 avril dernier.
Pour sa troisième édition, le jury du Prix littéraire du Barreau de Marseille, composé de huit avocats et présidé cette année par Stéphanie Coste (lauréate du prix l’an dernier), a choisi Abel Quentin pour son roman Le Voyant d’Étampes, paru aux éditions de l’Observatoire. Tous deux seront présents pour une rencontre.
En couronnant Abel Quentin, les avocats ont été sensibles à un texte qui interroge sur la tolérance, la liberté d’expression et les valeurs républicaines, notions qui sont au coeur de leur profession. Le jury a souligné « la subtilité de l’histoire, teintée d’un humour parfois acide, fidèle à la pensée de Camus qui consiste à empêcher que le monde se défasse et invite à croire au courage de la nuance.»
Depuis 2020, Oh les beaux jours !, à l’appel du Barreau de Marseille, organise ce prix littéraire qui récompense un livre dont le sujet est en lien avec les préoccupations éthiques ou professionnelles des avocats.
Drame familial et infanticide, luttes ouvrières sur fond de pollution à l’amiante, compétition et injonctions de la société aux effets délétères, plongée littéraire dans l’énigme d’un athlète de renom devenu cambrioleur, violence des réseaux sociaux et dérives identitaires, effondrement du monde paysan : les six romans sélectionnés en 2022 nous entraînent avec force dans des histoires qui questionnent la société contemporaine.
La sélection 2022
Laura Alcoba, Par la forêt, Gallimard, 2022.
Christian Astolfi, De notre monde emporté, Le Bruit du monde, 2022.
Nathalie Azoulai, La Fille parfaite, P.O.L, 2022.
Mathieu Palain, Ne t’arrête pas de courir, L’Iconoclaste, 2021.
Abel Quentin, Le Voyant d’Étampes, Les Éditions de L’Observatoire, 2021.
Corinne Royer, Pleine terre, Actes Sud, 2021.
Abel Quentin reçoit la somme de 3 000 € grâce au soutien de la Société de courtage des Barreaux.
En 2021, c’est Stéphanie Coste qui avait remporté le prix pour Le Passeur (Gallimard), son premier roman qui nous plongeait dans la violence des parcours migratoires.
De 19h30 à minuit, grande soirée avec les auteurs et les artistes invités du festival !
Librairie géante, performances, lectures sur scène, dédicaces, surprises, jeux littéraires, concerts improvisés, DJ set…
Heure par heure : le programme de la belle nuit du livre
Le conservatoire, et son magnifique décor, est idéal pour cette soirée inédite où chacun sera libre de déambuler. Pour que vous ne ratiez rien de cette belle nuit joyeuse et ludique, passage en revue minuté des événements qui vont marquer la soirée animée par Sophie Claret et Antonin Totot…
Entrée libre jusqu’à 23h59 (fermeture des portes ensuite !)
P/REC (hommage à Georges Perec)
Lancement vendredi 27 mai à 23h59 Clôture samedi 28 mai à 23h59 24 heures Parvis du théâtre des Bernardines puis cour extérieure du conservatoire Pierre Barbizet
Une performance-marathon exceptionnelle imaginée par le reporter et producteur radio Jack Souvant, en hommage à Georges Perec qui nous a quittés il y a 40 ans. Le 19 mai 1978, Michel Créïs réalisait avec Georges Perec l’enregistrement d’une tentative de description du carrefour Mabillon à Paris. Dans un processus d’épuisement du lieu, il est resté plusieurs heures au micro. Un événement entré dans la légende perecquienne que Jack Souvant a décidé de reproduire à Marseille ! 108 personnes sont invitées à décrire oralement et en direct pendant 12 heures, à raison de 10 minutes chacun, ce qu’ils observent depuis le « carrefour des Bernardines » (c’est-à-dire le croisement entre le cours Julien et le cours Lieutaud, juste devant le théâtre des Bernardines).
Les six dernières heures de ce marathon se termineront un peu plus haut devant le conservatoire, conviant les festivaliers et les artistes invités à prendre eux aussi le micro. Car décrire en direct une situation c’est découvrir instantanément le regard de quelqu’un, sa vision de l’espace, du mouvement, des gens et de la ville à un instant donné.
Cette expérience littéraire et sonore croisera donc les regards et les écritures orales d’habitants du quartier (et des autres !) qui passeront par là, des heureux volontaires qui se seront inscrits en amont de la performance, d’artistes, d’écrivains… Elle sera diffusée en direct sur ce carrefour, grâce à des haut-parleurs, tout au long du jour et de la nuit, attirant ainsi les passants et instaurant une atmosphère particulière dans la ville.
Vous souhaitez participer ou assister à l’écriture de ce grand roman marseillais, captation de l’humeur d’une ville et d’une époque, comme l’a fait Georges Perec ? Rendez-vous du vendredi 27 mai à 23h59 jusqu’au samedi 28 mai, 23h59, pour un final collectif !
direction artistique Jack Souvant production Collectif Bonheur Intérieur Brut inscriptions surohlesbeauxjours.fr/bnl
La belle librairie
Toute la soirée Partout au conservatoire !
Sept librairies marseillaises seront présentes avec les livres des auteurs invités ainsi qu’une sélection d’ouvrages en lien avec les thématiques du festival. Les auteurs et autrices seront là aussi pour dédicacer leurs livres et échanger avec vous ! Et bien sûr vous trouverez aussi sur les stands des libraires les livres coups de cœur des auteurs qui auront participé à la Grande criée aux livres.
Programme complet des signatures disponible prochainement.
Lancement à 19h30
Clôture à minuit Escalier monumental du conservatoire
Et si Marseille devenait la capitale de la France ? Qu’est-ce que cela vous inspire ? Venez participer avec les auteurs invités à un cadavre exquis sur un rouleau de papier géant (écriture et/ou dessin) dont le résultat sera lu et restitué en direct à minuit !
Le tour de chant d’Emmanuel Guibert et Dominique Cravic
19h45
35 minutes Salle Billioud
Emmanuel Guibert n’est pas seulement dessinateur, illustrateur, auteur, scénariste et Grand prix d’Angoulême 2020 pour l’ensemble de son œuvre, non, il est aussi chanteur et il adore ça !
Avec un quelque chose dans la voix de la grande époque du caf’conc’, il nous offre son tour de chant, accompagné par un des plus grands guitaristes français, Dominique Cravic (Les Primitifs du futur) ! Waouh, le beau programme !
20h, 21h et 23h
3 minutes Coursive extérieure et salle Magaud
Laissez-vous surprendre par les auteurs et les autrices du festival. Perchés sur une caisse à savon (de Marseille !), ils auront trois minutes pour vous faire aimer le livre qui a changé leur vie, que vous trouverez ensuite sur les stands des libraires !
Remerciements à la Savonnerie La Licorne.
Le jeu des milles pages
20h30 et 21h35
10 minutes Salle Magaud
Pour cette soirée, Oh les beaux jours ! a imaginé un jeu littéraire pour auteurs et festivaliers, très librement inspiré d’un célèbre jeu radiophonique… Vous pouvez nous adresser votre question en amont (et gagner ainsi un livre dédicacé si elle est choisie) ou vous pourrez tenter votre chance sur place en jouant en équipe avec un auteur (et gagner ainsi plusieurs livres dédicacés et des places pour la soirée de clôture du festival). Banco !
1re partie à 20h45
2e partie à 22h40
45 minutes Salle Tomasi
Inspirée du podcast éponyme d’Arte Radio, voici une version scénique qui mêle interviews, théâtre, musique live, projections et qui nous fait pénétrer dans l’univers créatif des écrivains !
Bookmakers prend le pari de réunir 16 invités de ce podcast grâce à un habile montage sonore de leurs entretiens. Pour répondre aux questions de Richard Gaitet, bien présent sur scène avec son complice réalisateur et musicien Samuel Hirsch, les voix des auteurs et des autrices se croisent et s’entrechoquent. Une symphonie drôle et passionnante, que son créateur résume en ces mots : « J’ai eu la chance de rencontrer la crème de la crème des romanciers de ce pays et… comme dirait Claude Ponti c’est extrapatouillant, incroyabilicieux, je n’en crois pas mes yeux et je suis sûr que vous aussi face à un tel plateau ! »
texteRichard Gaitet conception et mise en scène Richard Gaitet, Charlie Marcelet, Samuel Hirsch musique en directSamuel Hirsch illustrations Sylvain Cabot production Arte Radio
Avec le soutien du festival Longueur d’ondes.
Lecture d’Antoine Wauters
22h
30 minutes Salle Billioud
Dans l’intimité et l’atmosphère magique de la salle Billioud avec ses longues coursives boisées de bibliothèques, l’écrivain Antoine Wauters (prix Marguerite Duras et prix Wepler cette année pour Mahmoud ou la montée des eaux, Verdier, 2021) vous invite à une lecture en tête à tête, ou presque, de son dernier livre, Le Musée des contradictions, qui vient de remporter le Goncourt de la nouvelle. Laissez-vous porter par le son de sa voix…
« Et, fermant les yeux, nous rêvons de ce jour où il y aura, à la place du pullulement infini, des ministres des chemins de montagne, des ministres des rues jolies et à enjoliver, des ministres de la planche à roulettes, du tas de bois, du tas de foin, des ministres de la sieste pour tous, des ministres du pardon et de la chaussure de trail, des ministres du souvenir, de la vieillesse et du temps qui passe, des ministres-chiens et des ministres-coléoptères, des ministres à l’écoute des sols, des eaux, du vent, des faibles et des fragilisés. Des ministres de l’importance du songe, de la musique et des mots. Et, ayant dit cela, nous poursuivons. »
À lire Antoine Wauters, Le Musée des contradictions, Éditions du sous-sol, 2022 (Goncourt de la nouvelle 2022).
Le bœuf de Raphaël Imbert & Patrick Chamoiseau
23h35
20 minutes Salle Billioud
Pour fêter la parution de leur livre Baudelaire Jazz, méditations poétiques et musicales (Seuil, 2022), l’écrivain Patrick Chamoiseau et le saxophoniste Raphaël Imbert – par ailleurs directeur du conservatoire et maître de céans – nous offrent un petit boeuf concocté avec amour !
Il n’est pas impossible que d’autres musiciens se joignent à eux…
À partir de minuit
Attention, l’entrée au conservatoire devra se faire avant minuit ! Coursive extérieure
Pour finir la soirée en beauté, place à Akzidance, un artiste éclectique que les Marseillais connaissent aussi sous le nom de Since Charles. Puisant son inspiration dans les musiques africaines, arabes, brésiliennes, aussi bien traditionnelles qu’électroniques, il nous fera danser toute la nuit (ou presque) !
Bar et restauration
Toute la soirée ! Coursive extérieure
La belle équipe d’El Santo Cachón vous accueille tout au long de cette soirée festive pour vous servir boissons, cocktails et petite restauration d’inspiration chilienne !
La Patience des traces est un livre de silence, de ces silences que Jeanne Benameur sonde en profondeur et avec une élégance discrète au fil de romans aux titres soignés (Laver les ombres, Les Insurrections singulières…) .
Simon est psychanalyste et a fait métier d’écouter les autres. Quand un matin il brise le bol dans lequel il boit depuis son enfance, une brèche s’ouvre en lui qui lui fait réaliser qu’il n’a guère pris le temps de s’écouter lui-même. Alors qu’il n’a jamais voyagé, il s’envole sur les îles japonaises de Yaeyama où il va renaître, accueilli dans une maison d’hôtes par un couple – Madame Itô, qui collectionne les tissus anciens, et son mari spécialiste de l’art du Kintsugi qui consiste à réparer les céramiques brisées, non pas en cherchant à masquer leurs fêlures mais en les laquant d’une poudre d’or qui les rend plus belles et laisse leurs cicatrices apparentes.
On l’aura compris, les lignes de faille se muent ici en lignes de force, à l’image de Simon qui se saisit lui aussi de ses blessures enfouies. Dans le temps dilaté d’un pays de traditions, à l’écoute des bruits de la nature et des souffles intérieurs, goûtant aux plaisirs du silence et des sources d’eau chaude, il entame cette fois un voyage spirituel réparateur d’où il sortira transformé.
Au cours de cet entretien, il sera également question de poésie. Jeanne Benameur est l’autrice de plusieurs recueils dont Le Pas d’Isis, paru cette année aux éditions Bruuno Doucey.
Oh les beaux jours ! avait convié l’écrivain ukrainien Andreï Kourkov avant que la tragédie de la guerre ne nous rattrape. Et c’est une grande chance de recevoir le célèbre auteur du Pingouin et du Journal de Maïdan pour profiter de son regard implacable autant qu’ironique sur les confusions de notre temps.
Dans son dernier roman, Les Abeilles grises, Kourkov nous entraîne dans le théâtre absurde d’un village abandonné de la « zone grise », aujourd’hui sous les bombes, coincé entre l’armée ukrainienne et les séparatistes prorusses. Dans ce no man’s land ne vivent plus que Sergueïtch et Pachka, ennemis d’enfance, désormais obligés de coopérer contre l’adversité. « Là-bas, le ciel est gris, les âmes sont mortes », autant que dans le roman éponyme de Gogol, père fondateur de la littérature ukrainienne.
Sergueïtch, apiculteur désabusé, ne croit plus en grand chose si ce n’est en ses abeilles, cette société parfaitement ordonnée qui, contrairement à celle des hommes, ne dévie pas. Si les conditions de vie sont aussi rudimentaires qu’en temps de guerre, l’ennui, les journées monotones de Sergueïtch sont cependant peuplées de rêves visionnaires. Inapte à sauver les hommes, il fera tout ce qui est possible pour garder intactes ses six ruches qu’il exfiltre lors d’une aventure au cœur des prairies fleuries de l’ouest de l’Ukraine et des montagnes de Crimée. Précieux chargement surveillé et convoité par le « grand frère » russe qui, tel Caïn, tente depuis des siècles de mettre à terre la culture et le peuple ukrainien.
La littérature est le moyen le plus sûr pour capter l’indicible et nous faire mesurer l’inacceptable. Avec la lucidité grinçante qui le caractérise, Andreï Kourkov viendra donc nous parler des abeilles et nous donner les dernières nouvelles de son pays en guerre.
À lire
Andreï Kourkov, Les Abeilles grises, Liana Levi, 2022.
Depuis sa création, Oh les beaux jours ! accorde une large place aux nouvelles voix de la littérature. Rien d’étonnant à ce que Mónica Ojeda, l’une des romancières les plus prometteuses du continent latino-américain, soit à Marseille. Avec Mâchoires (Mandíbula en espagnol), un roman coup de poing aussi tranchant que son titre, l’écrivaine équatorienne, née en 1988, confirme qu’il faudra compter avec elle dans les années à venir.
Nourrie à l’évidence par les littératures de l’imaginaire, Mónica Ojeda nous entraîne dans un monde féminin terrifiant et sans limite, explorant dans une langue riche à couper le souffle et une narration sous tension permanente, les relations tortueuses entre les mères et les filles, les élèves et leurs professeurs et les meilleures amies entre elles.
On y suit Fernanda, belle et insolente élève de première d’un lycée catholique huppé de Guayaquil, passionnée de littérature, de films d’horreur et de creepypastas, ces légendes urbaines effrayantes et virales qui circulent sur Internet qu’elle partage avec cinq autres lycéennes, s’adonnant aussi avec elles à un étrange rituel sadomasochiste…
Un jour, l’adolescente se réveille pieds et poings liés dans une cabane au milieu de la forêt équatorienne sauvage. Sa kidnappeuse n’est autre que Miss Clara, sa professeure de lettres. Perturbée psychologiquement par sa mère, harcelée depuis des mois par Fernanda et ses camarades, surnommée la « Madame Bovary latina » par tout le lycée, Miss Clara est hantée par le souvenir de sa propre séquestration par deux élèves de l’ancien établissement où elle exerçait.
Entre thriller psychologique (on pense bien sûr à Stephen King) et roman gothique, Mâchoires explore les zones troubles de l’adolescence et la fascination des jeunes filles pour la violence. Un roman ultracontemporain, baroque et haletant, une révélation !
À lire
Mónica Ojeda, Mâchoires, traduit de l’espagnol (Équateur) par Alba-Marina Escalón, coll. « Du Monde entier », Gallimard, 2022.
Parmi les nombreux métiers qu’ont fait naître la révolution numérique, il en est un, invisible, qui constitue sans doute l’un des meilleurs postes d’observation des dérives de ce monde globalisé. L’héroïne du dernier roman d’Hanna Bervoets est modératrice de contenus. Derrière ce titre
aux apparences lisses, se cache une réalité beaucoup plus terrifiante. Kailegh est chargée de nettoyer le web de ses contenus illicites : violence, pornographie, délires complotistes… Comment faire la part des choses et établir les justes critères entre ce qu’il faut garder et ce qu’il faut détruire ? Où finit la normalité et où commence l’insupportable ? Vidéos nazies, suicides en direct, animaux maltraités, pour ces travailleurs de l’ombre, tout défile dans un abime vertigineux, sans qu’un quelconque suivi psychologique leur soit proposé. À l’avocat qui la contacte pour lui demander de s’associer à une plainte collective contre la plateforme Internet qui l’a recrutée, Kailegh décrit avec une froideur glaçante « les choses qu’elle a vues »…
Le roman d’Hanna Bervoets est aussi une histoire d’amour, celle de Kailegh et de Sigrid, l’une de ses collègues modératrices. Car peut-on encore aimer et voir le beau quand on plonge ainsi chaque jour au cœur des ténèbres et qu’il devient impossible de penser le monde autrement que sous le prisme de sa laideur ?
C’est la talentueuse Anna Mouglalis, elle-même grande lectrice de romans, qui fera entendre ce texte sur la scène de La Criée. Sa lecture sera suivie d’un entretien avec Hanna Bervoets, venue des Pays-Bas, journaliste et écrivaine confirmée dans son pays, que l’on découvre enfin en France avec la publication de ce roman à la fois troublant et instructif, aux prises avec notre monde.
À lire
Hanna Bervoets, Les Choses que nous avons vues, traduit du néerlandais par Noëlle Michel, Le Bruit du monde, 2022.
En partenariat avec la Dutch Foundation for Literature.
Pour fêter la troisième édition, Rubin Steiner, électron libre de l’électro hexagonale depuis plus de 20 ans, et DJ Oil, figure de la scène trip-hop française bien connu des noctambules marseillais, se partagent les platines et font vibrer le dancefloor aménagé dans le lieu éphémère du festival !
Une soirée pleine de promesses pour se mettre en jambe pour les rencontres et lectures (avec Rubin Steiner !) le lendemain au Mucem…