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Archives

Le nom sur le mur

Hervé Le Tellier
Rencontre animée par Élodie Karaki

Juste après le grand entretien consacré à Romain Gary à La Criée, Hervé Le Tellier sera à la librairie Maupetit (142 La Canebière), où il sera interrogé sur son nouveau roman, Le Nom sur le mur, qui vient de paraître chez Gallimard.

On pourrait dire du Nom sur le mur qu’il est une enquête à la fois philosophique et mathématique, un roman politique et un grand récit sur l’engagement. Hervé le Tellier est parti sur les traces d’un héros ordinaire de la Seconde Guerre mondiale dont il a découvert le nom sur un mur. André Chaix, c’est son nom, fut résistant maquisard, et mourut à l’âge de 20 ans, 2 mois et 30 jours.

«Je ne savais rien de lui. J’ai posé des questions, j’ai recueilli des fragments d’une mémoire collective, j’ai un peu appris qui il était. Dans cette enquête, beaucoup m’a été donné par chance, presque par miracle, et j’ai vite su que j’aimerais raconter André Chaix. Sans doute, toutes les vies sont romanesques. Certaines plus que d’autres.
Quatre-vingts années ont passé depuis sa mort. Mais à regarder le monde tel qu’il va, je ne doute pas qu’il faille toujours parler de l’Occupation, de la collaboration et du fascisme, du rejet de l’autre jusqu’à sa destruction. Ce livre donne la parole aux idéaux pour lesquels il est mort et questionne notre nature profonde, ce désir d’appartenir à plus grand que nous, qui conduit au meilleur et au pire.»
Hervé Le Tellier


À lire

  • Hervé Le Tellier, Le Nom sur le mur, Gallimard, 2024.

La littérature portugaise, 50 ans après la révolution des Œillets

Luísa Semedo et José Vieira

Rencontre animée par Pierre Léglise-Costa

Le 25 avril 1974, les Portugais mirent fin à 48 années de dictature avec la chute du gouvernement Salazar, dans une révolution qui a marqué les mémoires. On y vit un peuple pacifique accrocher des œillets rouges au fusil des militaires, qui déposèrent leurs armes.
Après cela, la littérature portugaise a connu un renouveau, avec des écrivains comme José Saramago (prix Nobel de littérature en 1998), Antonio Lobo Antunes ou Lídia Jorge. La diffusion de la littérature portugaise reste cependant relativement limitée en France en comparaison avec d’autres littératures étrangères.

Pour célébrer le 50e anniversaire de cette révolution, deux écrivains portugais, de générations différentes, nous éclairent sur la richesse de cette scène littéraire. Né en 1957, José Vieira, a travaillé sur les questions d’immigration, notamment des familles portugaises en France. Philosophe, militante, Luísa Semedo incarne quant à elle une littérature lusophone d’origine cap-verdienne.

Tous trois seront interviewés par Pierre Léglise-Costa, spécialiste de la littérature portugaise et lui-même éditeur.


En partenariat avec l’Instituto Camões et le Consulat du Portugal à Marseille


À lire

  • José Vieira, Souvenirs d’un futur radieux, Chandeigne, 2024.

Le Grand Domaine

Théo Boulenger et Lili Sohn
Rencontre animée par Justine Perez

L’autrice de bande dessinée Lili Sohn raconte une histoire de Marseille à travers celle d’un immeuble, le sien. Au Grand Domaine, sur le boulevard des Dames, se retrouve à tous les étages l’histoire cosmopolite de la ville, parcourue par les trajectoires migratoires et les mouvements de société. À travers cette enquête dessinée défilent celles et ceux qui l’ont habité, riches et pauvres, jeunes et vieux, et ceux qui y vivent, communauté joyeuse et solidaire, pleine d’histoires. Dans cet album, s’entendent les voix de la diaspora arménienne fuyant le génocide, celles de militantes pour les droits des étrangers, des artistes de la movida culturelle des années 1980, ou celle qui s’échappait des ateliers de confection de cuir, nombreux dans le quartier.

Véritable mémoire vivante, Le Grand Domaine est dépositaire d’un héritage qui dit la diversité des origines et la richesse culturelle de la ville. Rien d’étonnant à ce que Théo Boulenger, documentariste sonore, ait eu envie lui aussi de s’y plonger, réalisant un podcast qui vient prolonger l’expérience de lecture de la BD.

Lors d’une rencontre dans l’Auditorium du Musée d’Histoire de Marseille, Lili Sohn et Théo Boulenger dévoileront – en sons et en dessins – les coulisses d’une double écriture documentaire.

Du 25 mai au 9 juin, une exposition est également consacrée à cette histoire qui s’écrit par et pour ses habitants. Des planches du roman graphique, des archives personnelles des habitants du Grand Domaine, des extraits sonores, des dessins et des croquis nous plongent avec émotion dans la richesse de ce patrimoine marseillais.


À 16h30, puis à 17h, pour celles et ceux qui le souhaitent, une séance d’écoute du podcast éponyme réalisé par Théo Boulenger est proposée en plein air, dans le site archéologique du Port antique. Installez-vous confortablement dans un transat et embarquez pour une sieste sonore, les yeux fermés mais les oreilles grand ouvertes !


En partenariat avec le musée d’Histoire de Marseille.


À lire

  • Lili Sohn, Chroniques du Grand Domaine, Delcourt/Encrages, 2024.

À écouter

  • Lili Sohn et Théo Boulenger, Chroniques du grand Domaine, 13 PRODS.

 

 

Drôles de têtes

Lisa Laubreaux

Est-ce que je viens de la planète Terre ? Suis-je content ou en colère ? Ai-je une barbe, une moustache ou des dents en or ?

Dans cet atelier de création de personnages, les enfants sont invités à imaginer des histoires et à fabriquer un masque à partir d’une banque de formes proposée par l’illustratrice Lisa Laubreaux.

Les beaux jours de Leïla Slimani

Leïla Slimani et Jean-Marie Laclavetine
Lecture par Anna Mouglalis

Grand entretien animé par Olivia Gesbert

Pour clore la belle série des grands entretiens 2024, Oh les beaux jours ! reçoit Leïla Slimani. Né à Rabat, au Maroc, en 1981, l’écrivaine construit une œuvre où elle mêle romans et essais, explorant à la fois des questions d’identité, de genre, et scrutant avec finesse les maux de la société.

Leïla Slimani a acquis une renommée internationale avec son deuxième roman, Chanson douce, thriller familial où elle explore les tensions entre une nounou et une famille bourgeoise, livre couronné par le prix Goncourt en 2016, et adapté à l’écran.
Connue pour ses engagements, elle n’hésite pas dans ses romans, mais aussi dans ses essais et tribunes à aborder des sujets polémiques, la sexualité et le corps des femmes, le colonialisme, en revendiquant sa double nationalité marocaine et française. Ces dernières années, elle a entrepris l’écriture d’une trilogie, Le Pays des autres, vaste fresque qui retrace l’histoire de la colonisation française au Maroc à travers le regard de personnages féminins.
Elle a également publié un très beau récit personnel, Le Parfum des fleurs la nuit, inspiré par une nuit passée dans les collections d’art du Palazzo Grassi, à Venise, confession discrète et intense où elle évoque son père, jadis emprisonné.

Son éditeur et premier lecteur, Jean-Marie Laclavetine, nous racontera l’envol de l’écrivaine qu’il avait reçu pour un stage d’écriture et qu’il continue d’accompagner. La comédienne Anna Mouglalis partagera ses combats féministes et lira certains passages de ses livres, notamment Sexe et mensonges, livre choc autour de la sexualité au Maroc. On découvrira le travail de la réalisatrice Sonia Terrab, complice de longue date, avec qui elle a lancé le manifeste des « hors-la-loi » et créé l’association Moroccan Outlaws.
Une heure trente en compagnie d’une écrivaine passionnée, interviewée par Olivia Gesbert, qui dirige la revue NRF chez Gallimard.


À lire

  • Regardez-nous danser. Le Pays des autres, tome 2, Gallimard, 2022.
  • Le Parfum des fleurs la nuit, coll. «Ma nuit au musée», Stock, 2021.
  • Sexe et mensonges. Histoires vraies de la vie sexuelle des femmes au Maroc, Les Arènes, 2021.
  • Le Pays des autres, tome 1, Gallimard, 2020.
  • Chanson douce, Gallimard, 2016 (prix Goncourt 2016).
  • Dans le jardin de l’ogre, Gallimard, 2014.

Des nouvelles des collégiens

Thibault Bérard, Didier Castino, Alexandre Labruffe, Emmanuelle Rey et Sylvie Tanette

Rencontre et remise du prix animées par Chloë Cambreling

Pour la 6e saison de ce concours qui stimule les imaginations des collégiens, cinq écrivains ont chacun accompagné une classe dans l’écriture d’une nouvelle. Avec une contrainte littéraire : intégrer le nombre « 13 » dans leur nouvelle. Treize comme l’âge des adolescents, le présage d’un malheur, le pourcentage restant d’une batterie de téléphone, le nombre d’articles d’une liste de courses ou l’adresse d’une maison qui n’existe pas…

Reflétant les aspirations et les préoccupations de leurs jeunes auteurs, ces nouvelles nous plongent dans des intrigues à suspens et des ambiances qui font frissonner !
Les cinq textes ont ensuite été soumis au vote avisé de 2500 collégiens des Bouches-du-Rhône, qui en ont débattu passionnément. Le palmarès sera dévoilé en direct dans la grande salle de La Criée, en présence des écrivains en herbe, qui se verront remettre le recueil imprimé des cinq nouvelles.


Projet mené en collaboration avec l’Académie d’Aix-Marseille, avec le soutien de la Drac Paca, du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône et de la Fondation La Poste.


À lire

  • Des nouvelles des collégiens, saison 6, Oh les beaux jours !, 2024.
    Publication en accès libre sur ohlesbeauxjours.fr

L’envers du monde

Thomas B. Reverdy

Rencontre animée par Fabienne Pavia

Né en 2020, s’adressant uniquement aux étudiants, le prix Écriture et création est décerné conjointement par Aix-Marseille Université (AMU) et Oh les beaux jours !. Nouvelle, court récit, poème, journal, bande dessinée ; fiction ou non-fiction, essai littéraire ou autobiographie… tous les genres et les formes sont permis, à condition que les auteurs respectent la thématique choisie cette année,L’Envers du monde, elle-même inspirée du titre d’un roman de l’écrivain Thomas B. Reverdy, président du jury.
Pour rendre cette remise de prix plus vivante encore, les dix lauréats et lauréates entendent en direct les commentaires de Thomas B. Reverdy sur la qualité de leur production, tandis que le texte qui reçoit le premier prix est lu sur scène par un comédien.ne étudiant.e à AMU. Une véritable petite leçon de littérature donnée en direct par un écrivain !


En partenariat avec Aix-Marseille Université.


À lire

  • Thomas B. Reverdy, L’Envers du monde, Seuil, 2010 ; Le Grand Secours, Flammarion, 2023.
  • S’émerveiller, AMU/Oh les beaux jours !, 2023.
    Ce recueil des textes récompensés l’an dernier est en accès libre sur ohlesbeauxjours.fr

Retrouvez

Conte musical des Comores

Chœur Boras et Graines de voix de la maîtrise du conservatoire,
dirigés par Anne Périssé dit Préchacq
Avec les élèves de théâtre de la classe de Magali Jacquot
Textes de Salim Hatubou et de Roger Calmel

Depuis 2012, le Chœur Boras fait rayonner chants et contes comoriens à Marseille, ville où la communauté comorienne est très implantée. Cet ensemble de femmes se réunit régulièrement au conservatoire Pierre Barbizet, accueilli par la soprano Anne Périssé dit Préchacq qui dirige, entre autres, les Graines de voix de la maîtrise du conservatoire.

Les voix des femmes se mêleront à celles des jeunes chanteurs et des élèves de théâtre du conservatoire pour faire entendre des mélodies traditionnelles comoriennes et découvrir un conte musical de Roger Calmel. Par ces mélopées, le Chœur Boras souhaite tracer des chemins initiatiques pour créer un récit universel grâce, notamment, aux contes de Salim Hatubou (1972-2015). Pionnier de la littérature comorienne, cet auteur trop tôt disparu avait à cœur de préserver la culture de son pays d’origine, notamment en collectant de nombreux contes traditionnels. Une médiathèque marseillaise porte désormais son nom.


En coréalisation avec l’INSEAMM/Conservatoire Pierre Barbizet.


À lire

  • Salim Hatubou, Hamouro, L’Harmattan, 2011.

En quête de liberté

Elitza Gueorguieva et Sergueï Shikalov
Rencontre animée par Pierre Benetti (rédacteur en chef web de Kometa)

Dans son Odyssée des filles de l’Est, Elitza Gueorguieva relate les tribulations de deux femmes bulgares exilées à Lyon au début des années 2000, l’une venue y étudier le cinéma et l’autre contrainte de s’y prostituer. Le roman confronte le regard naïf que ses héroïnes portent sur leur pays d’accueil, « pays de la liberté, du fromage et des tramways qui parlent », aux préjugés dont elles sont victimes. Elitza Gueorguieva déconstruit le mythe français des « filles de l’est », filles faciles ou prostituées, et conte avec beaucoup d’humour l’odyssée entre mythe et réalité, fantasmes et désillusions, de deux exilées en quête d’émancipation.

Le Secret de Brokeback Mountain à l’affiche des cinémas de Moscou, Ricky Martin en tête du hitparade de MTV Russia, les premiers concerts russes de Mylène Farmer et de George Michael, les clips non-censurés de t.A.T.u., la drague sur internet, les cosmétiques pour hommes, les boîtes gay : dans son premier roman, Espèces dangereuses, l’écrivain russe Sergueï Shikalov fait en langue française l’inventaire de tous les signes d’ouverture de la société russe au début des années 2000 égrenant les raisons qu’ont eu d’espérer toute une génération d’homosexuels. Mais cette parenthèse libérale et démocratique s’est brutalement refermée avec la promulgation des lois homophobes et liberticides du régime de Poutine, et ce beau récit polyphonique nous fait mesurer à quel point les rêves sont douloureux quand ils se fracassent contre la réalité.

Lancés à la conquête effrénée de leur liberté, Elitza Gueorguieva et Sergueï Shikalov secouent nos certitudes à travers deux épopées d’exilés venus de l’Est.


En partenariat avec la revue Kometa, la revue qui se tourne vers l’Est pour comprendre le monde.


À lire

Sarah, Susanne et l’écrivain

Éric Reinhardt

Entretien animé par Sonia Déchamps

Comme dans L’Amour et les forêts, une femme demande à un romancier d’écrire son histoire. Délaissée par son mari, elle décide de le quitter, sans savoir où cela va la mener. Mais cette fois, Éric Reinhardt va beaucoup plus loin et plonge le lecteur dans une mise en abyme infinie. Sarah devient Susanne, un personnage qui emprunte des éléments de la vraie vie de Sarah, qui elle-même voit son histoire se réinventer, si bien qu’on ne sait plus d’une page à l’autre qui est qui, tant leurs vies s’entrelacent.

Ainsi assiste-t-on au fil des pages à l’élaboration d’un roman, comme si Éric Reinhardt nous faisait pénétrer avec générosité – et Sarah avec nous – dans son atelier d’écriture. Dans ce jeu de miroirs virtuose, il y a aussi une dévorante histoire de tableau représentant un couvent, une description rare des liens qui unissent une mère et un fils, une scène bouleversante où l’héroïne regarde sa famille évoluer sans elle à travers la vitre de son ex-appartement et une incursion inattendue dans l’autobiographie, inédite chez Éric Reinhardt.

Sarah, Susanne et l’écrivain : le réel, la fiction et l’imaginaire, les ingrédients d’un très grand roman !


À lire

  • Éric Reinhardt, Sarah, Susanne et l’écrivain, Gallimard, 2023.