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Archives

La littérature portugaise, 50 ans après la révolution des Œillets

Luísa Semedo et José Vieira

Rencontre animée par Pierre Léglise-Costa

Le 25 avril 1974, les Portugais mirent fin à 48 années de dictature avec la chute du gouvernement Salazar, dans une révolution qui a marqué les mémoires. On y vit un peuple pacifique accrocher des œillets rouges au fusil des militaires, qui déposèrent leurs armes.
Après cela, la littérature portugaise a connu un renouveau, avec des écrivains comme José Saramago (prix Nobel de littérature en 1998), Antonio Lobo Antunes ou Lídia Jorge. La diffusion de la littérature portugaise reste cependant relativement limitée en France en comparaison avec d’autres littératures étrangères.

Pour célébrer le 50e anniversaire de cette révolution, deux écrivains portugais, de générations différentes, nous éclairent sur la richesse de cette scène littéraire. Né en 1957, José Vieira, a travaillé sur les questions d’immigration, notamment des familles portugaises en France. Philosophe, militante, Luísa Semedo incarne quant à elle une littérature lusophone d’origine cap-verdienne.

Tous trois seront interviewés par Pierre Léglise-Costa, spécialiste de la littérature portugaise et lui-même éditeur.


En partenariat avec l’Instituto Camões et le Consulat du Portugal à Marseille


À lire

  • José Vieira, Souvenirs d’un futur radieux, Chandeigne, 2024.

Briser le silence des archives

Xavier Bouvet et Bibiana Candia

Rencontre animée par Élodie Karaki et traduite de l’espagnol par  Georges Tyras

Dans Azucre, son premier roman, l’écrivaine galicienne Bibiana Candia fait renaître une page délibérément arrachée de l’histoire espagnole. Elle raconte le destin de Bigorne, José et Oreste, trois jeunes Galiciens sans le sou, qui s’embarquent pour Cuba en 1853 dans l’espoir de fuir la misère en travaillant dans les plantations de canne à sucre. Appâtés par la promesse d’une vie meilleure, ils seront en réalité réduits en esclavage pour le compte du négrier Urbano Feyjoó-Sotomayor, comme 1700 autres de leurs congénères.
Bibiana Candia restitue sous la forme d’un roman d’aventures cette tragédie qui, jugée humiliante et contredisant la légende dorée de la conquête espagnole des Amériques, a été effacée de la mémoire nationale.

Xavier Bouvet s’est plongé quant à lui dans les archives pour écrire Le Bateau blanc, là aussi un premier roman qui raconte l’histoire méconnue de l’éphémère – et téméraire – gouvernement estonien de 1944. Le 18 septembre 1944, les troupes d’occupation allemandes fuient l’Estonie alors que les troupes soviétiques s’apprêtent à l’envahir. L’avocat Otto Tief, le dernier Premier ministre d’Estonie Jüri Uluots et une poignée de partisans n’ont alors que quelques jours pour restaurer la République avant qu’un navire envoyé par la résistance en exil ne les évacue.
Dans ce roman palpitant, Xavier Bouvet restitue l’esprit de résistance de quelques hommes face à la victoire inéluctable du totalitarisme, alors même que les États baltes, témoins impuissants de l’invasion russe de l’Ukraine, craignent à nouveau pour leur indépendance.

Comment la littérature s’empare-t-elle de l’Histoire – la grande, celle qui figure dans les livres – et comment nous la narre-t-elle à travers ses fracas et ses promesses ? Rencontre avec deux auteurs qui ont su mettre au jour des épisodes de l’Histoire passés sous silence.


À lire

  • Xavier Bouvet, Le Bateau blanc, Le Bruit du monde, 2024.
  • Bibiana Candia, Un homme sans titre, traduit de l’espagnol par Claude Bleton et Émilie Fernandez, Les éditions du Typhon, 2024.

En quête de liberté

Elitza Gueorguieva et Sergueï Shikalov
Rencontre animée par Pierre Benetti (rédacteur en chef web de Kometa)

Dans son Odyssée des filles de l’Est, Elitza Gueorguieva relate les tribulations de deux femmes bulgares exilées à Lyon au début des années 2000, l’une venue y étudier le cinéma et l’autre contrainte de s’y prostituer. Le roman confronte le regard naïf que ses héroïnes portent sur leur pays d’accueil, « pays de la liberté, du fromage et des tramways qui parlent », aux préjugés dont elles sont victimes. Elitza Gueorguieva déconstruit le mythe français des « filles de l’est », filles faciles ou prostituées, et conte avec beaucoup d’humour l’odyssée entre mythe et réalité, fantasmes et désillusions, de deux exilées en quête d’émancipation.

Le Secret de Brokeback Mountain à l’affiche des cinémas de Moscou, Ricky Martin en tête du hitparade de MTV Russia, les premiers concerts russes de Mylène Farmer et de George Michael, les clips non-censurés de t.A.T.u., la drague sur internet, les cosmétiques pour hommes, les boîtes gay : dans son premier roman, Espèces dangereuses, l’écrivain russe Sergueï Shikalov fait en langue française l’inventaire de tous les signes d’ouverture de la société russe au début des années 2000 égrenant les raisons qu’ont eu d’espérer toute une génération d’homosexuels. Mais cette parenthèse libérale et démocratique s’est brutalement refermée avec la promulgation des lois homophobes et liberticides du régime de Poutine, et ce beau récit polyphonique nous fait mesurer à quel point les rêves sont douloureux quand ils se fracassent contre la réalité.

Lancés à la conquête effrénée de leur liberté, Elitza Gueorguieva et Sergueï Shikalov secouent nos certitudes à travers deux épopées d’exilés venus de l’Est.


En partenariat avec la revue Kometa, la revue qui se tourne vers l’Est pour comprendre le monde.


À lire

Laissons parler les animaux

Agnès de Clairville et Jocelyne Porcher

Rencontre animée par Chloë Cambreling

Des animaux qui prennent la parole ? La littérature, de La Fontaine à Orwell, en passant par Kipling et Saint-Exupéry, s’est déjà aventurée sur ce terrain, ce qui n’a pas empêché Agnès de Clairville de relever le défi dans son deuxième roman, aussi culotté que réussi.

Dans Corps de ferme, des animaux racontent le quotidien d’une ferme d’aujourd’hui. Un chat, une épagneule, une vache, une pie et même un chœur de truies et de porcelets parlent de ce qu’ils vivent et surtout de ceux qu’ils observent : un agriculteur taiseux et obnubilé par son travail, une épouse éteinte et soumise, et leurs deux fils batailleurs. Rien ne leur échappe : l’inquiétude et le travail acharné des humains pour maintenir l’exploitation à flot, l’étiolement de leur vie familiale, mais aussi la maltraitance et l’exploitation animales. Agnès de Clairville parvient à traiter de manière singulière la crise agricole actuelle et la question de la souffrance animale en adoptant le point des vue des animaux de la ferme.

Ancienne éleveuse de chèvres, indignée par la production industrielle de porcs, Jocelyne Porcher est devenue ingénieure agricole puis chercheuse à l’INRA afin de comprendre ce que l’élevage avait de particulier du point de vue de la relation aux animaux. Dans son dernier ouvrage, Vivre avec les animaux, la chercheuse explique que la coexistence pacifique des hommes dépend de leur capacité à vivre en paix avec les animaux, que cette relation apaisée n’est possible que par un élevage affranchi de l’exploitation industrielle, et imagine une autre relation de travail entre les hommes et les animaux, faite de dons et de contre-dons.

Une rencontre aux enjeux passionnants, qui mêle littérature et sciences humaines, un exercice de dialogue qu’affectionne le festival Oh les beaux jours ! depuis sa création.


À lire

  • Agnès de Clairville, Corps de ferme, Harper Collins, 2024.
  • Jocelyne Porcher, Vivre avec les animaux. Une utopie pour le XXIe siècle,  La Découverte, 2014.
  • Jocelyne Porcher, Une vie de cochon, La Découverte, 2008.

Le cœur dans les nuages

Paolo Giordano et Mathieu Simonet

Une rencontre animée par Olivia Gesbert et traduite par Crocina Bonelli

Paolo Giordano, plus jeune récipiendaire du prestigieux prix Strega pour La Solitude des nombres premiers (succès international traduit dans plus de 20 langues), livre avec Tasmania une auto-fiction climatologique. Le narrateur, écrivain et journaliste désabusé, fuit sa crise conjugale pour se réfugier dans la crise climatique en obtenant de son journal d’être envoyé à Paris pour couvrir la conférence sur le climat. Alors que le ciel s’assombrit au dessus de son couple, il apprend que le réchauffement climatique pourrait provoquer la disparition des nuages et que la Tasmanie en serait le meilleur refuge. Dans un monde en crise, Paolo Giordano livre une réflexion mélancolique sur l’existence et sur la nécessité pour chacun de trouver sa Tasmanie, là où le futur est possible.

Avec La Fin des nuages, Mathieu Simonet signe à la fois la chronique d’un amour endeuillé et un manifeste poético-juridique en faveur de la protection des nuages. Il rend hommage à Benoît, son époux décédé, et se demande si son dernier souffle, par un effet papillon, a pu déclencher l’orage. Il questionne l’ensemencement des nuages qui permet aux États de les manipuler chimiquement afin de provoquer la pluie ou de déstabiliser un pays ennemi en causant sécheresses et inondations. Mathieu Simonet sonne l’alerte sur les risques écologiques et géopolitiques de cette pratique autant que sur la haute valeur poétique des nuages.

Saisis par des bouleversements à la fois intimes et collectifs, Paolo Giordano et Mathieu Simonet nous embarquent tous deux dans des récits qui manient effroi et émerveillement.

En coréalisation avec le Mucem.


À lire

  • Paolo Giordano,Tasmania, traduit de l’italien par Nathalie Bauer, Le Bruit du monde, 2023 (prix André Malraux 2023).
  • Mathieu Simonet, La Fin des nuages, Julliard, 2023.

À écouter

 

Poésie/Flammarion : un monde actuel

Anne Calas, Gérard Cartier, Eugénie Favre et Yves di Manno

Rencontre animée par Michaël Batalla

Comme chaque année, le Centre international de poésie Marseille (CipM) et Oh les beaux jours ! se retrouvent pour mettre de la poésie au cœur du festival. Cette année, ils ont choisi l’une des plus belles collections, « Poésie/Flammarion », qui célèbre ses trente ans à travers des voix qui réinventent le présent.

Yves di Manno, lui-même poète, dirige cette collection, riche de quelque 200 titres : « L’idée de départ était que la collection constitue un espace ouvert, susceptible d’accueillir des œuvres très différentes – voire esthétiquement opposées – mais participant toutes au profond renouveau qui a caractérisé l’écriture de poésie en France depuis un demi-siècle. Loin d’illustrer une ligne – et moins encore d’obéir aux mots d’ordre d’un cénacle – il s’agissait de montrer la richesse et la diversité de ces recherches, en mettant notamment l’accent sur un certain nombre de voix isolées, de parcours atypiques, d’univers parallèles…
Toutefois, au terme de ces trente années, quelques constantes se dégagent peut-être, sans que cela ait été le fruit d’un projet délibéré : l’importance de la narration dans le travail poétique actuel, la matérialité de ses formes, la présence significative des femmes… Il importait également que la collection puisse accueillir, à côté des nouveautés, des ouvrages plus « rétrospectifs », remettant en perspective certaines œuvres des années antérieures. D’où la présence de plusieurs anthologies personnelles et de volumes retraçant diverses aventures collectives (Action Poétique, Le Jardin ouvrier, Orange Export Ltd, bientôt la revue Java) ainsi que la réédition de quelques œuvres du passé proche, tout en restant bien sûr à l’écoute des voix d’aujourd’hui : une soixantaine de poètes – hommes et femmes – et près de deux cents titres publiés en témoignent à ce jour. Les œuvres nouvelles viennent ainsi s’inscrire dans un contexte qui n’oublie pas leurs prédécesseurs immédiats, ni les livres qui ont secrètement préparé leur émergence. »

Pour évoquer cette collection essentielle, aux côtés d’Yves di Manno, trois auteurs seront réunis : Anne Calas, Gérard Cartier et Eugénie Favre.


En coréalisation avec le CipM.


À lire

  • Anne Calas, Une pente très douce, Poésie/Flammarion, 2024.
  • Gérard Cartier, Le Voyage intérieur. Documentaires, Poésie/Flammarion, 2023.
  • Eugénie Favre, Suites Tuoni, Poésie/Flammarion, 2023.
  • Yves di Manno, Lavis, Poésie/Flammarion, 2023.

Aliénations

Glen James Brown et Phœbe Hadjimarkos Clarke

Rencontre animée par Élodie Karaki et traduite par Valentine Leÿs

Dans Ironopolis, l’écrivain anglais Glen James Brown nous plonge dans une ville fictive du nord de l’Angleterre avec ses quartiers ouvriers paupérisés après la fermeture des mines. Avec un récit en forme de puzzle qui débute quelques jours avant la destruction de la cité ouvrière, il raconte l’histoire de six habitants, visités par l’étrange Peg Powler, vieille sorcière du folklore anglais à la peau verte, qui vit dans les rivières… Mêlant enquête, roman épistolaire, journal intime, ce livre marque la naissance d’un grand écrivain, à l’esprit rebelle et caustique.

Fauvel, le personnage d’Aliène, le roman de Phœbe Hadjimarkos Clarke est elle aussi une rebelle. Victime d’un tir de LBD qui lui a fait perdre un œil, elle se réfugie à la campagne pour aller garder la chienne du père d’une amie. Mais voilà qu’elle se retrouve face à deux chiennes, la vraie, morte et empaillée, et son clone, aux crocs rageurs… Gilets jaunes, question animale, emprise des sectes, sécheresse climatique, sixième extinction de masse, genre et identité, Aliène emporte tout sur son passage, le tout sur fond de dystopie, dans une langue époustouflante.

Glen James Brown et Phœbe Hadjimarkos Clarke nous offrent deux grands romans sociaux en hybridant les genres, entre écriture politique et récit fantastique. Ces deux jeunes auteurs, révélations littéraires des derniers mois, s’emparent brillamment des maux de notre époque pour en faire d’étranges et savoureux objets littéraires.


À lire

  • Phœbe Hadjimarkos Clarke, Aliène, Éditions du sous-sol, 2024.
  • Glen James Brown, Ironopolis, traduit de l’anglais (Angleterre) par Claire Charrier, Les Éditions du Typhon, 2023, (prix Millepages 2023).

Le sens de la justice

Denis Salas et Joy Sorman
Rencontre animée par Chloë Cambreling

S’appuyant comme souvent sur de longues immersions, Joy Sorman s’est penchée sur la justice en assistant durant un an aux audiences du Palais de Justice de Paris. Comme à son habitude, elle en a fait un objet littéraire inclassable, où son héros, Bart, à la manière du Bartleby de Melville, décide de tout quitter, appartement et vie professionnelle, pour vivre clandestinement dans le faux-plafond du palais de justice. Chaque matin, il choisit les procès auxquels il assistera dans la journée en buvant du café au lait et en mangeant des biscuits au gingembre. Bart devient le témoin muet mais obstiné des dysfonctionnements de la justice où une classe sociale en juge une autre, condamnant sans nuance et au pas de course les plus fragiles à des peines d’emprisonnement. Après avoir pointé du doigt les défaillances du système psychiatrique dans son précédent roman, À la folie, Joy Sorman dénonce cette fois par l’absurde une justice devenue injuste.

Elle en discutera avec Denis Salas, magistrat et essayiste, qui apportera son éclairage en confrontant sa propre expérience avec l’idée qu’il se fait de la justice. Denis Salas a notamment écrit sur le courage de juger et les erreurs judiciaires. Dans son dernier livre, Le déni du viol, essai sur une justice narrative, il explore le patrimoine artistique et littéraire à la recherche d’œuvres qui ont permis la libération de la parole des victimes d’abus sexuels et qui ont, en éveillant les consciences, participé à la construction de la norme juridique.

Une rencontre aux enjeux passionnants, qui mêle la parole d’un juge à celle d’une écrivaine, à l’image des frictions littéraires que le festival affectionne depuis sa création.


À lire

  • Joy Sorman, Le Témoin, Flammarion, 2024.
  • Denis Salas, Le déni du viol : essai de justice narrative, Michalon, 2023.

Le voyage vers l’Est

Claire Fercak et Akos Verboczy
Rencontre animée par Pierre Benetti

Dans Une existence sans précédent, Claire Fercak met en scène une orpheline fantasque, ballottée de familles d’accueil en centres pour «adolescents décomposés», qui plaque tout, vole les cendres de sa mère adoptive, et roule vers la Slovénie à la recherche de ses racines. Elle frappe à la porte des membres de sa famille putatifs, les «Cerzak originaires», dont elle avait hasardeusement dressé la liste, espérant reconstituer les ramages de son arbre généalogique et le passé d’avant son existence. Elle se remémore sa jeunesse cabossée, la maltraitance de son père adoptif, et tente de réparer son enfance en se recomposant une famille.

Il est aussi question d’un voyage à l’est de l’Europe dans le premier roman d’Akos Verboczy, La Maison de mon père. L’écrivain y décrit le retour au pays d’origine d’un Hongrois exilé au Québec, douze ans après les funérailles de son père, un personnage complexe, avec lequel il entretenait des relations difficiles. Il visite sa famille, revoit ses anciens amis, retrouve son premier amour et réapprend sa langue d’origine. Avec Petya, son ami d’enfance, il se met en quête de la maison paternelle dont il espérait hériter, un ancien pressoir tombé en ruines au bord du lac Balaton, où l’on entrait par le grenier, qui cristallise son amour filial.
Derrière l’évocation d’une relation père-fils en demi-teinte, Akos Verboczy dresse, non sans humour, un portrait sensible et nostalgique de la Hongrie.

Le retour au pays d’origine peut-il panser les blessures d’enfance ? Claire Fercak et Akos Verboczy explorent le thème de la quête des racines en embarquant leurs personnages dans un road trip vers l’Est.


À lire

  • Claire Fercak, Une existence sans précédent, Éditions Verticales, 2024.
  • Akos Verboczy, La Maison de mon père, Le Bruit du monde, 2024.

À écouter

Road trip des origines en Slovénie avec Claire Fercak, un épisode du Book Club, l’émission littéraire de France Culture

Le temps des crocodiles

Mathieu Belezi et Kamel Khélif

Rencontre animée par Sonia Déchamps

Mathieu Belezi continue de s’intéresser à l’histoire de l’Algérie, avec un nouvel épisode des débuts de la colonisation française, période peu traitée qu’il avait déjà sondée en 2022 dans son très beau Attaquer la terre et le soleil (Prix littéraire Le Monde 2022 et Prix du Livre Inter 2023).
En ce milieu du XIXe siècle, alors que la conquête de l’Algérie par la France est sur sa lancée, le tout-puissant capitaine Vandel mène sans états d’âme un détachement de soldats français à la conquête du désert, fort de son bon droit de « race supérieure ». Enragé, le bataillon d’une centaine de zéphyrs pille, viole, torture, égorge avec une barbarie qui semble sans limites. L’écriture de Mathieu Belezi n’épargne aucun détail sanguinaire dans une langue aussi crue que poétique, admirablement ciselée et itérative, que les dessins du grand Kamel Khélif viennent sublimer.
Dans une palette de bruns et de gris, avec une technique de peinture dont il est l’inventeur, l’artiste fait surgir les paysages à la fois obscurs et grandioses qui survivent au saccage, entre peintures à la Goya et images de western.

Les deux auteurs poursuivront sur scène ce dialogue artistique fécond, alors que seront projetés quelques dessins de Kamel Khélif.


En coréalisation avec le Mucem.


À lire

  • Le Temps des crocodiles, Mathieu Belezi et Kamel Khélif, Le Tripode (2024).