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Jean-Luc et Jean-Claude

Laurence Potte-Bonneville
Lecture par des lycéens et l’autrice
Mise en lecture Raphaël-France Kullmann
Entretien animé par Guénaël Boutouillet

Pensionnaires d’un foyer dans la baie de Somme, placés sous curatelle pour l’un et sous tutelle pour l’autre, Jean-Luc – sec et nerveux – et Jean-Claude – grand et pataud – sont autorisés à sortir tous les jeudis après-midi pour se rendre au PMU du village, sous l’œil bienveillant de Jacqueline, la patronne. Seulement voilà : ce jour-là, Jacqueline refuse de les laisser jouer de l’argent au loto et voilà les deux compères contrariés, embarqués par Florent, un jeune homme blond un peu paumé qui passait par là et se propose de les emmener en voiture jusqu’au centre commercial de la ville voisine. Dehors, la pluie déchire le ciel et une alerte météo est en cours. Les trois hommes vont se quitter sur le parking d’un supermarché. Commence alors un road-trip poétique en baie de Somme, qui nous tient en équilibre au bord d’un précipice dans lequel on craint à tout instant de voir les deux amis chuter. Livrés à eux-mêmes dans des paysages de plus en plus inquiétants et battus par les vents, Jean-Luc et Jean-Claude aimeraient bien rejoindre la pointe du Hourdel pour réaliser leur rêve d’aller voir les phoques, « faire les andouilles, faire les sauvages ». Au foyer, où l’heure de leur retour a sonné, la directrice, inquiète, décide d’appeler la gendarmerie…

Avec ce premier roman porté par une langue tout en finesse et des dialogues d’une grande justesse, Laurence Potte-Bonneville s’empare d’un sujet difficile en évitant tous les clichés. C’est elle qui a eu la bonne idée de proposer au festival qu’un passage de son livre – l’une des scènes les plus cocasses qui met en scène un voyage scolaire – soit lu par des lycéens de Gardanne qui s’y sont longuement préparés. Ils seront donc sur le plateau de La Criée, aux côtés de l’autrice que l’on entendra aussi nous présenter les contours de ce beau roman qui mêle tension et merveilleux, nous obligeant avec fermeté à penser la différence.


À lire

  • Laurence Potte-Bonneville, Jean-Luc et Jean-Claude, Verdier, 2022 (prix Stanislas et prix SGDL Révélation d’automne).

Oh les beaux lecteurs !

Véronique Ovaldé dialogue avec ses lecteurs 

Sous l’égide des bibliothèques de Marseille, un groupe de lecteurs et de lectrices a échangé durant plusieurs mois autour du dernier roman de Véronique Ovaldé, Fille en colère sur un banc de pierre. La critique littéraire Élodie Karaki les a accompagnés, leur livrant toutes les ficelles de son métier et les voilà désormais prêts à animer une rencontre avec l’écrivaine.

Avec soin, ils vont nous faire découvrir les arcanes de ce roman, une fable subtile sur la famille et la sororité, une histoire de disparition qui laisse toute sa place au suspense et déploie une galerie de personnages que la narratrice fait vivre avec mystère et fantaisie.

Une rencontre en profondeur avec une romancière compagne du festival, qui ne cesse de nous surprendre.

 

En partenariat avec les bibliothèques de la Ville de Marseille.


À lire 

  • Véronique Ovaldé, Fille en colère sur un banc de pierre, Flammarion, 2023.

Rien du tout

Avec Olivia Tapiero
Entretien animé par Michaël Batalla

Voix déterminante de la littérature actuelle du Québec, Olivia Tapiero est écrivaine, traductrice et musicienne. Elle vit à Montréal où elle a publié plusieurs livres et où, depuis 2022, elle est aussi rédactrice en chef de la revue de création littéraire Moebius.

Sa dernière parution, Rien du tout, est un récit qui, selon l’autrice elle-même, marque un autre rapport au genre, à la forme, à l’écriture. « Je ne suis plus intéressée par les prothèses narratives, les personnages, les événements. Je ne me mesure plus à la certitude des formes. Je veux retracer autre chose. Le mouvement d’effritement de la vie même. Je veux que mon écriture veille les nombreuses extinctions dont nous sommes témoins. »

Après une résidence au CipM et à La Marelle, Olivia Tapiero revient à Marseille pour nous faire entendre la puissance de son écriture : « Les glaciers fondent, relâchent des bactéries millénaires. À marée basse, on découvre les corps des noyés. Je veux écrire à marée basse. »

 

En coréalisation avec le CipM dans le cadre de Numéro R, Salon des revues de création poétique en Région Sud, Centre de la Vieille Charité, du 26 au 28 mai.


À lire :

  • Olivia Tapiero, Rien du tout, Mémoire d’encrier, 2021.

 

Quand tu écouteras cette chanson

Lola Lafon
Entretien animé par Chloë Cambreling

Amsterdam, 18 août 2021, la nuit : Lola Lafon a rendez-vous avec Anne Frank dans le musée qui porte son nom. Invitée par la collection « Ma nuit au musée », l’écrivaine n’a pas hésité : ce musée du vide et de l’absence s’est imposé à elle comme une évidence, lui renvoyant la disparition des siens décimés par la Shoah, un lourd héritage qu’elle avait jusque-là occulté.

L’autrice de Chavirer s’est intéressée à Anne Frank pour ce qu’elle représente : une icône adolescente, aussi aimée que haïe par la grâce d’un journal traduit dans 75 langues dont les diverses éditions ont lissé le propos pour le rendre universel.

Partie à la rencontre d’un texte dont elle disait ne se souvenir qu’à peine, comme beaucoup d’entre nous, Lola Lafon découvre un récit bouleversant de maturité qu’elle n’hésite pas à qualifier d’œuvre littéraire et qu’elle parvient à nous faire désormais entendre autrement.

 

En coréalisation avec le Mucem.


À lire :

  • Lola Lafon, Quand tu écouteras cette chanson, coll. « Ma nuit au musée », Stock, 2022 (prix Décembre 2022, prix Les Inrockuptibles 2022).

Des mots contre les maux

Justine Augier et Emmanuelle Lambert
Rencontre animée par Élodie Karaki

La littérature est un engagement, un geste politique, affirme Justine Augier dans son remarquable essai, Croire. Sur les pouvoirs de la littérature. Suscité par le confinement et par la mort de sa mère, ce texte est un plaidoyer sur la puissance de la littérature face aux dangers de l’époque. Adepte du temps long qui la nourrit, « elle redonne au temps sa texture, son épaisseur. Elle est ce sursaut d’imagination qui nous entraîne à croire et nous remet en mouvement. » La littérature est politique quand elle parle de l’exil et de l’altérité, quand elle lutte contre l’appauvrissement de la langue. Elle est aussi espace de transmission au sein de la famille, ici d’une mère à sa fille, ou auprès des générations futures.

Mais le pouvoir de la littérature tient aussi à l’engagement de celles et ceux qui l’enrichissent et la font grandir. Colette, dont on célèbre cette année le 150e anniversaire de la naissance, en reste l’une des figures émancipatrices qui continue de séduire un lectorat de tout âge. En témoigne Sidonie Gabrielle Colette, le livre d’Emmanuelle Lambert dans lequel l’autrice brosse un portrait littéraire de la femme et de l’artiste transgressive que fut Colette.

Comme Justine Augier, Emmanuelle Lambert connaît bien les pouvoirs de la littérature. Avant de s’intéresser à Colette, elle a fait redécouvrir Genet et Giono à travers deux expositions au Mucem. Écrivaine, elle aussi a puisé dans l’écriture la force nécessaire pour accepter la mort de son père, expérience dont elle a fait un beau récit, Le Garçon de mon père.

Dialogue croisé entre deux autrices qui empruntent des chemins exigeants et savent mieux que personne partager leur capacité à rendre toute expérience de lecture profondément sensible.


À lire :

  • Justine Augier, Croire. Sur les pouvoirs de la littérature, Actes sud, 2023.
  • Emmanuelle Lambert, Sidonie Gabrielle Colette, Gallimard, 2022.
  • Emmanuelle Lambert, Le Garçon de mon père, Stock, 2021.

Capital et idéologie

Benjamin Adam et Claire Alet
Rencontre animée par Sonia Déchamps

Peut-on explorer en bande dessinée l’histoire de la répartition des richesses et des inégalités économiques à travers les siècles et les continents ?

C’est ce défi que les deux invités ont relevé, en proposant une version accessible à tous de Capital et idéologie, le best-seller mondial de l’économiste Thomas Piketty. Pour cette grande enquête, souvent teintée d’humour, les auteurs ont imaginé une saga familiale, qui commence avec Jules, rentier né à la fin du XIXe siècle, figure privilégiée d’une société inégalitaire. Huit générations se succèdent ainsi, jusqu’à Léa, jeune femme d’aujourd’hui qui va découvrir le secret de famille à l’origine de leur patrimoine. La petite histoire de cette famille éclaire alors la grande histoire…

Claire Alet, autrice et ancienne journaliste au magazine Alternatives économiques, et Benjamin Adam, bédéiste dont l’album Soon avait emballé le festival, vous invitent à les rejoindre dans un débat important sur les questions de redistribution économique et de justice sociale.


À lire :

  • Benjamin Adam, Claire Alet, Capital et idéologie en bande dessinée, d’après le livre de Thomas Piketty, Seuil/Revue dessinée, 2022.

Le cœur ne cède pas

Grégoire Bouillier
Entretien animé par Olivia Gesbert

Ne dites surtout pas à Grégoire Bouillier que son livre est trop long, car il vous répondra que ce n’est pas son ouvrage qui est volumineux, mais plutôt que vous n’avez simplement pas le temps de le lire ! Plus de 900 pages et quelque quatre années d’une enquête littéraire impressionnante ont été nécessaires pour écrire ce qui constitue sans doute l’un des romans les plus excitants de l’année.

Tout commence avec un fait divers qu’entend Grégoire Bouillier à la radio en 1985 : le suicide d’une ancienne mannequin des années 1950, qui s’est laissée mourir de faim chez elle en tenant le journal de son agonie pendant 45 jours. En 2018, l’écrivain décide de remonter le fil du temps pour comprendre les motivations de cette femme, Marcelle Pichon, dont on sait très peu de choses. Très vite, la recherche d’informations se mue en une quête obsessionnelle, contrariée par le refus sans appel de la petite-fille de la défunte d’autoriser l’écriture d’un livre sur sa grand-mère. Qu’à cela ne tienne, l’imagination de l’écrivain se met en marche et voilà qu’est créée l’agence de détective Bmore & Investigations, associant un certain G. B. Baltimore et sa brillante assistante, Miss Penny. Tous deux vont mener l’enquête à travers la France, fouillant ses archives administratives, explorant la généalogie de Marcelle, de son enfance dans le Paris des années 1920 à son mariage sous l’Occupation, à la recherche d’indices susceptibles d’expliquer son acte inouï.

Le Cœur ne cède pas est un ample roman qui ne se résume pourtant pas à cette enquête jubilatoire, c’est aussi un livre passionnant qui interroge la nature de la littérature contemporaine, en particulier son rapport au réel. En bon détective, Grégoire Bouillier a archivé soigneusement ses pièces à conviction. Consignées dans un site web accompagnant le livre, elles serviront de fil conducteur à l’interrogatoire mené par Olivia Gesbert, qui promet bien des révélations…


À lire

  • Grégoire Bouillier, Le Cœur ne cède pas, Flammarion, 2022 (prix André Malraux).

À consulter

le site de Bmore & Investigations, lecoeurnecedepas.fr ; contact bmore.et.investigations@gmail.com

Brancusi contre États-Unis

Arnaud Nebbache et Vincent Schneegans
Rencontre animée par Sonia Déchamps

1927, un procès historique se tient à New York opposant le sculpteur Constantin Brancusi à l’État américain. Pour l’artiste, il s’agit de prouver que sa sculpture Oiseau dans l’espace, lourdement taxée à l’importation par les douanes américaines (40% de sa valeur) en tant qu’objet industriel, est bel et bien une œuvre d’art, ce qui l’exonèrerait des droits de douane. En écho à Paris, l’artiste et ses contemporains doutent. Le travail de Brancusi est-il à la hauteur face au génie de l’artisanat et de l’industrie ? Le nouveau continent a-t-il les épaules pour jouer le rôle central dans l’art moderne que l’histoire lui impose désormais ?

Tel est le point de départ de cette passionnante BD aux aplats polychromes et aux traits stylisés. Son auteur, Arnaud Nebbache, viendra nous raconter cette controverse artistique qui fera jurisprudence sur la définition de l’art, et qu’éclairera pour nous Vincent Schneegans, avocat en propriété intellectuelle et grand amateur de BD !


À lire :

  • Arnaud Nebbache, Brancusi contre États-Unis, Dargaud, 2023.

Préhistoire 2.0

Noëlle Michel et Marylène Patou-Mathis
Rencontre animée par Guénaël Boutouillet

Bienvenue au Neandertal Park, le rendez-vous télévisuel concocté par Noëlle Michel dans son étonnant roman, Demain les ombres. Ici, la manipulation génétique est d’abord source de divertissement : des familles néandertaliennes, nées d’un ADN pure souche, vivent leur quotidien préhistorique sous le regard de millions de téléspectateurs. Mais tout se complique quand la production décide d’introduire quelques Homo sapiens du XXIe siècle… Jusqu’où peut aller la manipulation génétique ? Doit-on tout expérimenter au nom de la science ? L’être humain est-il obligé de faire tout ce que le progrès technologique lui permet de réaliser ?
Pour en débattre aux côtés de Noëlle Michel, la préhistorienne Marylène Patou-Mathis, directrice de recherche au CNRS, spécialiste des Néandertaliens, qui a contribué par sa relecture scientifique à la qualité du roman. Rencontre entre une autrice et une chercheuse, entre suspense et éthique, de quoi passionner les Sapiens que nous sommes !


À lire

  • Noëlle Michel, Demain les ombres, Le Bruit du monde, 2023.
  • Marylène Patou-Mathis, L’homme préhistorique est aussi une femme, Allary Éditions, 2020.

 

P.O.L : 40 ans d’édition !

Frédéric Boyer, Marie Darrieussecq, Liliane Giraudon, Lucie Rico et d’autres auteurs P.O.L dans la salle !
Rencontre animée par Élodie Karaki

P.O.L : trois initiales qui claquent depuis 40 ans au fronton de l’édition française et d’une littérature toujours en mouvement. Ce sont celles de son regretté fondateur, Paul Otchakovsky-Laurens (1944-2018), qui aimait résumer son projet en ces mots : « La littérature, pour mettre le désordre là où l’ordre s’installe. » Née collection chez Hachette Livre en 1977 – c’est là que sera publié La Vie mode d’emploi de Georges Perec – avant de devenir une maison d’édition indépendante en 1983, P.O.L se distingue d’emblée par une politique littéraire novatrice, notamment avec la parution de La Douleur de Marguerite Duras. Au fil des ans, de nouveaux auteurs apparaissent (Bernard Noël, Martin Winckler, Marie Darrieussecq, Mathieu Lindon, Emmanuel Carrère, Édouard Levé, Emmanuelle Bayamack-Tam, Robert Bober, Charles Juliet, Atiq Rahimi, Jean Rolin, Lamia Ziadé, Bertrand Belin, Ryoko Sekiguchi…) qui témoignent d’une vitalité et d’une diversité éditoriales sans pareil. Avec des auteurs comme Christophe Tarkos, Suzanne Doppelt (voir ci-dessous), Olivier Cadiot et Valère Novarina, P.O.L est aussi une référence en matière de poésie et de théâtre, et publie également Trafic, une revue et une collection autour du cinéma, l’une des autres passions de son fondateur.

Entrée dans le groupe Gallimard dans les années 2000, la maison d’édition a su conserver la liberté de ton, la curiosité et l’ouverture d’esprit qui ont toujours imprégné ses choix éditoriaux. Pour en parler : son directeur, Frédéric Boyer, par ailleurs écrivain et traducteur, entouré de Marie Darrieussecq, fidèle parmi les fidèles, de la Marseillaise Liliane Giraudon, figure poétique de la maison et de Lucie Rico, prometteuse relève. Ils témoigneront chacun à leur manière de leur histoire avec P.O.L et de la relation particulière qu’ils ont nouée avec cette maison d’édition pas comme les autres.
Cette rencontre n’est que le premier rendez-vous d’une programmation estampillée P.O.L. qui se tiendra toute la journée à La Criée, avec Emmanuelle Bayamack-Tam, Mathieu Lindon, Pascalle Monnier et, au conservatoire, Lucie Rico et Julie Wolkenstein.


À lire

  • Frédéric Boyer, Le Lièvre, Gallimard, 2021.
  • Marie Darrieussecq, Pas dormir, P.O.L, 2021.
  • Liliane Giraudon, Polyphonie Penthésilée, P.O.L, 2021.
  • Lucie Rico, GPS, P.O.L, 2022.

À voir

que devient une image dans un champ électrique
Suzanne Doppelt
exposition du samedi 15 avril au samedi 24 juin 2023

Une exposition au CipM qui s’inscrit dans le cycle de rencontres lié au 40e anniversaire des éditions P.O.L.

que devient une image dans un champ électrique est une reprise et un redéploiement des photographies de Suzanne Doppelt hors du livre, des livres, ensemble par ensemble, ainsi qu’un réagencement documenté, complété à l’échelle d’un lieu, d’une pièce, d’une salle à parcourir. Un dispositif pour redécouvrir et approfondir cette fabrique singulière d’images liée à l’écriture poétique.

Suzanne Doppelt a codirigé avec Pierre Alferi la revue Détail et a fait partie du comité de rédaction de la revue Vacarme. Elle a également poursuivi des  projets avec Anne Portugal, François Matton, Jean-Christophe Bailly et Cole Swensen. Elle a exposé ses photographies notamment au Centre Pompidou, à l’Institut français de Naples, à l’ENS Lyon, à la galerie Martine Aboucaya, au musée du Louvre, à NYU, à Brown University, aux Ateliers des Arques.
Ses livres sont publiés essentiellement aux éditions P.O.L.