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Archives

Une archive

Mathieu Lindon
Entretien animé par Joseph Ghosn

« Je suis une archive à moi tout seul » : c’est par ces mots que Mathieu Lindon clôt le premier chapitre de Une archive, le livre qu’il consacre à son père Jérôme, éditeur légendaire des Éditions de Minuit, disparu en 2001. De fait, ce livre a peu de choses à voir avec une biographie. C’est plutôt l’histoire jumelée d’une famille et d’une maison d’édition, où les liens de filiation se superposent, d’un père à ses enfants, d’un éditeur à ses auteurs. On y croise Samuel Beckett, le grand ami, et toutes les figures du Nouveau Roman que les Éditions de Minuit ont accompagnées : Alain Robbe-Grillet, Claude Simon, Robert Pinget, Marguerite Duras.

C’est aussi l’histoire d’un père imposant et d’un éditeur engagé – en témoignent procès, incendie de bureau et plasticage de son appartement – qui pense sa maison d’édition comme une œuvre d’art, au risque d’oublier les siens. C’est enfin l’histoire d’un fils, d’abord écrivain sous pseudonyme chez Minuit, qui file chez P.O.L pour s’affranchir du père, se faire un nom en retrouvant le sien et intégrer une nouvelle famille pour mieux se réconcilier avec la sienne.


À lire

  • Mathieu Lindon, Une archive, P.O.L, 2023.

À la rencontre d’un auteur

Olivier Adam dialogue avec ses jeunes lecteurs

Accompagnées par la critique littéraire Élodie Karaki, deux classes de lycéens marseillais se sont entraînées à interviewer Olivier Adam, autour de son œuvre qui comprend à la fois des livres pour les adultes et pour la jeunesse dont certains ont été adaptés au cinéma. Après s’être réparti les lectures de deux de ses romans, Des vents contraires et Je vais bien, ne t’en fais pas, les lycéens en ont débattu en classe, explorant à la fois le fond et la forme de ces textes. Les liens complexes qui unissent et désunissent les familles, la fragilité des identités, les difficultés à s’adapter socialement et la reconstruction sont des thématiques chères à Olivier Adam dont les jeunes intervieweurs n’ont eu aucun mal à s’emparer. Ils ont préparé une avalanche de questions, impatients d’interroger l’écrivain sur les secrets de son écriture.

Une rencontre ouverte à tous pour plonger à la fois l’univers d’un auteur et dans les préoccupations des adolescents d’aujourd’hui.


À lire

  • Olivier Adam, Dessous les roses, Flammarion, 2022.
  • Olivier Adam, Des vents contraires, L’Olivier, 2009.
  • Olivier Adam, Je vais bien, ne t’en fais pas, Le Dilettante, 2000.

Rien du tout

Avec Olivia Tapiero
Entretien animé par Michaël Batalla

Voix déterminante de la littérature actuelle du Québec, Olivia Tapiero est écrivaine, traductrice et musicienne. Elle vit à Montréal où elle a publié plusieurs livres et où, depuis 2022, elle est aussi rédactrice en chef de la revue de création littéraire Moebius.

Sa dernière parution, Rien du tout, est un récit qui, selon l’autrice elle-même, marque un autre rapport au genre, à la forme, à l’écriture. « Je ne suis plus intéressée par les prothèses narratives, les personnages, les événements. Je ne me mesure plus à la certitude des formes. Je veux retracer autre chose. Le mouvement d’effritement de la vie même. Je veux que mon écriture veille les nombreuses extinctions dont nous sommes témoins. »

Après une résidence au CipM et à La Marelle, Olivia Tapiero revient à Marseille pour nous faire entendre la puissance de son écriture : « Les glaciers fondent, relâchent des bactéries millénaires. À marée basse, on découvre les corps des noyés. Je veux écrire à marée basse. »

 

En coréalisation avec le CipM dans le cadre de Numéro R, Salon des revues de création poétique en Région Sud, Centre de la Vieille Charité, du 26 au 28 mai.


À lire :

  • Olivia Tapiero, Rien du tout, Mémoire d’encrier, 2021.

 

Quand tu écouteras cette chanson

Lola Lafon
Entretien animé par Chloë Cambreling

Amsterdam, 18 août 2021, la nuit : Lola Lafon a rendez-vous avec Anne Frank dans le musée qui porte son nom. Invitée par la collection « Ma nuit au musée », l’écrivaine n’a pas hésité : ce musée du vide et de l’absence s’est imposé à elle comme une évidence, lui renvoyant la disparition des siens décimés par la Shoah, un lourd héritage qu’elle avait jusque-là occulté.

L’autrice de Chavirer s’est intéressée à Anne Frank pour ce qu’elle représente : une icône adolescente, aussi aimée que haïe par la grâce d’un journal traduit dans 75 langues dont les diverses éditions ont lissé le propos pour le rendre universel.

Partie à la rencontre d’un texte dont elle disait ne se souvenir qu’à peine, comme beaucoup d’entre nous, Lola Lafon découvre un récit bouleversant de maturité qu’elle n’hésite pas à qualifier d’œuvre littéraire et qu’elle parvient à nous faire désormais entendre autrement.

 

En coréalisation avec le Mucem.


À lire :

  • Lola Lafon, Quand tu écouteras cette chanson, coll. « Ma nuit au musée », Stock, 2022 (prix Décembre 2022, prix Les Inrockuptibles 2022).

Le cœur ne cède pas

Grégoire Bouillier
Entretien animé par Olivia Gesbert

Ne dites surtout pas à Grégoire Bouillier que son livre est trop long, car il vous répondra que ce n’est pas son ouvrage qui est volumineux, mais plutôt que vous n’avez simplement pas le temps de le lire ! Plus de 900 pages et quelque quatre années d’une enquête littéraire impressionnante ont été nécessaires pour écrire ce qui constitue sans doute l’un des romans les plus excitants de l’année.

Tout commence avec un fait divers qu’entend Grégoire Bouillier à la radio en 1985 : le suicide d’une ancienne mannequin des années 1950, qui s’est laissée mourir de faim chez elle en tenant le journal de son agonie pendant 45 jours. En 2018, l’écrivain décide de remonter le fil du temps pour comprendre les motivations de cette femme, Marcelle Pichon, dont on sait très peu de choses. Très vite, la recherche d’informations se mue en une quête obsessionnelle, contrariée par le refus sans appel de la petite-fille de la défunte d’autoriser l’écriture d’un livre sur sa grand-mère. Qu’à cela ne tienne, l’imagination de l’écrivain se met en marche et voilà qu’est créée l’agence de détective Bmore & Investigations, associant un certain G. B. Baltimore et sa brillante assistante, Miss Penny. Tous deux vont mener l’enquête à travers la France, fouillant ses archives administratives, explorant la généalogie de Marcelle, de son enfance dans le Paris des années 1920 à son mariage sous l’Occupation, à la recherche d’indices susceptibles d’expliquer son acte inouï.

Le Cœur ne cède pas est un ample roman qui ne se résume pourtant pas à cette enquête jubilatoire, c’est aussi un livre passionnant qui interroge la nature de la littérature contemporaine, en particulier son rapport au réel. En bon détective, Grégoire Bouillier a archivé soigneusement ses pièces à conviction. Consignées dans un site web accompagnant le livre, elles serviront de fil conducteur à l’interrogatoire mené par Olivia Gesbert, qui promet bien des révélations…


À lire

  • Grégoire Bouillier, Le Cœur ne cède pas, Flammarion, 2022 (prix André Malraux).

À consulter

le site de Bmore & Investigations, lecoeurnecedepas.fr ; contact bmore.et.investigations@gmail.com

Terminus Malaussène

Daniel Pennac
Entretien animé par Raphaëlle Leyris

Peut-on imaginer ne plus entendre parler de Benjamin Malaussène et de sa délirante tribu alors qu’ils ont accompagné notre imaginaire pendant quarante ans ?

Deuxième chapitre du Cas Malaussène, Terminus Malaussène n’échappe pas à la faconde romanesque, aux rebondissements rocambolesques et à la gouaille bellevilloise qui sont la marque de fabrique de cette saga vendue dans le monde entier.

Pour ce bouquet final, on retrouve Benjamin, Verdun, Set, Mosma et les autres aux prises avec l’abject Pépère, un « salaud de l’autre monde ». Espérons que ce dernier épisode ne soit que le début de la fin… Un entretien exceptionnel avec Daniel Pennac mené par une journaliste du Monde des livres qui connaît bien son œuvre.


La proposition sera suivie d’un entretien avec Thomas Fersen, conduit par Daniel Pennac, et d’une lecture musicale de Thomas fersen, Dieu sur terre.

Ils pourraient appartenir à la même famille de titis parisiens frondeurs au verbe haut et malicieux. Daniel Pennac et Thomas Fersen sont sur la même longueur d’ondes et cela n’a pas échappé à Oh les beaux Jours ! qui les réunit dans une rencontre où le premier a choisi d’interviewer le second.


À lire

  • Daniel Pennac, Terminus Malaussène, Gallimard, 2023.