cccccc

Archives

Sidonie Gabrielle Colette

Emmanuelle Lambert, Virginie Buscail (violon) et Anne-Lise Gastaldi (piano)

Écrivaine, vedette de music-hall, journaliste, première femme à recevoir en France des funérailles nationales… Les différentes facettes de la vie de Colette témoignent de son goût personnel pour l’alliance de contraires qui chez elle n’en sont pas. Emmanuelle Lambert, à qui l’on devait déjà le magnifique Giono, furioso (prix Femina de l’essai 2019) nous fait découvrir Colette à travers un très beau livre, à l’iconographie de choix (Cecil Beaton, Irving Penn, Henri Cartier-Bresson, Robert Doisneau…). Comme à son habitude, elle se livre à une analyse personnelle de la vie et de l’œuvre de cette femme hors du commun.

Pour raconter « sa » Colette sur scène, Emmanuelle Lambert a choisi de mêler lectures et musique, tissant de fines correspondances avec les œuvres des musiciens que l’écrivaine côtoyait, Debussy, Ravel…, interprétées par la grande pianiste Anne-Lise Gastaldi et la violoniste Virginie Buscail.


À lire

  • Emmanuelle Lambert, Sidonie Gabrielle Colette, Gallimard, 2022.

Cette lecture musicale a été créée à la Maison de la poésie, Paris.

GPS

Lucie Rico et Mathilde Forget

Ce point rouge qui se déplace dans Google Maps c’est le fil d’Ariane, celui qui la relie, à la vie à la mort, à Sandrine sa meilleure amie. Ariane ne sort plus de chez elle depuis qu’elle est au chômage. Avant, elle s’occupait des faits divers pour le journal, aujourd’hui elle les invente sur Street View.

Mais Sandrine se fiance et l’a invitée. Elle a même partagé sa connexion pour la guider jusqu’à elle. Ariane sort, participe à la fête et rentre chez elle.

Le lendemain, Sandrine a disparu. Pourtant sur le GPS de son smartphone, le point rouge qui géolocalise son amie est toujours actif… Avec la complicité artistique de l’autrice et compositrice Mathilde Forget, Lucie Rico nous invite à la suivre dans cette oppressante navigation virtuelle. Accepterez-vous le partage de connexion ? Rien n’est moins sûr après la lecture de GPS, un roman sur l’amitié et la mort, en forme de faux polar, qui joue malicieusement avec les nouvelles peurs de l’âge numérique.


À lire

  • Lucie Rico, GPS, P.O.L, 2022.
  • Mathilde Forget, De mon plein gré, Grasset, 2021.

Cette lecture musicale a été créée à la Maison de la poésie, Paris.

Tenir sa langue

Polina Panassenko et Chevalrex

Tenir sa langue en équilibre entre le russe et le français pour ne trahir personne : voilà le destin de la jeune Polina, qui a quitté Moscou avec sa famille pour s’installer en France, à Saint-Étienne. Grâce à l’école et aux publicités, elle dompte progressivement cette drôle de langue étrangère. Arrivent alors la nationalité française et ce nouveau prénom : Pauline.

À la maison, le russe tapisse toujours les murs, sa mère veille sur les mots. Ainsi va la vie dans un va-et-vient entre les deux pays, les deux langues, les deux cultures.

Un jour, Pauline décide de redevenir Polina. Le tribunal statue, c’est non. Accompagnée par la subtile trame mélodique de Rémy Poncet (aka Chevalrex), Polina Panassenko nous embarque avec humour dans cette autofiction où l’identité trébuche en s’emmêlant les prénoms.

L’un des premiers romans les plus remarqués de l’année, lu brillamment sur scène par son autrice, habituée des scènes de théâtre.


À lire

  • Polina Panassenko, Tenir sa langue, L’Olivier, 2022 (prix Femina des lycéens).

Cette lecture musicale a été créée à la Maison de la poésie, Paris.

Dessous les roses

Julien Adam, Olivier Adam, Baya Kasmi et Emmanuel Noblet

Même sang ne saurait mentir, et pourtant… Confrontée aux mêmes souvenirs, la fratrie se fracture, chacun croyant être le seul à détenir le fin mot de l’histoire familiale. C’est ce qui arrive à Claire, Antoine et Paul, que l’enterrement de leur père a exceptionnellement réunis sous le toit du pavillon de banlieue familial. Célèbre réalisateur, Paul n’hésite pas à dézinguer sa famille dans ses films et ses pièces. Dans ce huis clos imaginé par Olivier Adam, c’est la parole de l’un contre la parole de l’autre avec, en filigrane, ce qu’on se dit et ce qu’on ne se dit pas, ce qu’on aimerait se dire et ce qu’on pense entendre, ce qu’on réinvente et ce qu’on s’approprie.

L’écriture théâtrale de Dessous les roses – unité de lieu et unité de temps se prête pleinement à cette lecture sur scène mise en musique par Julien Adam, où Olivier Adam, Baya Kasmi et Emmanuel Noblet incarnent avec acuité une fratrie écartelée entre vérité et faux-semblant, qui tente de retrouver la complicité du temps de l’enfance.


À lire

  • Olivier Adam, Dessous les roses, Flammarion, 2022.

Cette lecture musicale a été créée à la Maison de la poésie, Paris.

Le dire trois fois

Sally Bonn, Virginie Poitrasson, Cole Swensen et Joce Mienniel

Oh les beaux jours ! et le CipM aiment s’associer pour faire découvrir au public des propositions qui défrichent les territoires de la poésie. Et cette année, ils ne pouvaient pas passer à côté d’un étonnant concours de circonstances : entre février 2022 et mars 2023, trois livres ont paru, chez trois éditeurs différents, sans concertation entre leurs trois autrices, par ailleurs amies l’une de l’autre ; ces trois livres ayant pour titre un triplet du même mot !

Sally Bonn (Écrire, écrire, écrire), Virginie Poitrasson (Tantôt, tantôt, tantôt) et Cole Swensen (And And And), chacune dans son livre interroge à sa manière son rapport à l’écriture et sa relation au langage. Chaque livre se fait écho de l’autre, multipliant les résonances poétiques et les liens de pensée qui existent entre ces trois approches de la littérature.

Qu’ont en commun ces trois textes ? Une variété formelle et la non-appartenance à un genre précis : « En nous, hors de nous, l’écriture est ce que nous faisons et ce qui nous fait. […] Nous déchiffrons le monde avec les mots, avec leurs sonorités, leurs images ; le langage remplit indistinctement le monde qui nous entoure et les mots se réfléchissent à la lumière des choses. Et ce qui nous fait, c’est l’effort de mettre en mots, même ce qui paraît impossible, indicible.
Trouver les mots pour dire la terreur, la sidération, dire le monde et la force qu’il faut pour l’habiter et tenter de le saisir. »

De cette coïncidence stimulante, est née Le dire trois fois, une lecture musicale à trois voix, celles de Sally Bonn, de Virginie Poitrasson et de Cole Swensen, accompagnées par les ritournelles envoûtantes de la mélodie et des improvisations du flûtiste et compositeur Joce Mienniel.

 

En coréalisation avec le CipM dans le cadre de Numéro R, Salon des revues de création poétique en Région Sud, Centre de la Vieille Charité, du 26 au 28 mai.


À lire

  • Sally Bonn, Écrire, écrire, écrire, La Rencontre, Arléa, 2022.
  • Virginie Poitrasson, Tantôt, tantôt, tantôt, Fiction & Compagnie, Seuil, 2023.
  • Cole Swensen, And And And, Shearsman Books, 2022.

La pêche du jour

Raphaël Imbert, Salma Omri, Marc Vieillefon et les étudiants du conservatoire
Lecture musicale suivie d’un entretien avec Éric Fottorino animé par Élodie Karaki

La Pêche du jour est un livre nécessaire dont la radicalité glaçante nous rappelle le drame que vivent chaque année des milliers d’hommes et de femmes en Méditerranée. Sur le port de Lesbos, en Grèce, deux personnages se retrouvent pour évoquer le destin des migrants. L’un est un étrange pêcheur qui fait commerce de leurs corps sans vie, tandis que l’autre est un client dont on ne sait s’il veut acheter ces cadavres ou se racheter. Avec ce livre, Éric Fottorino, écrivain et par ailleurs journaliste (il dirige l’hebdomadaire Le 1), dresse le miroir de nos renoncements et interroge notre impuissance.
C’est à l’occasion de Musirando, une marche musicale et sociale, que le violoniste Marc Vieillefon a découvert ce texte bouleversant qui sera lu par de jeunes élèves comédiens du conservatoire. Il les accompagnera en musique aux côtés du saxophoniste et compositeur Raphaël Imbert et de la chanteuse lyrique et musicienne Salma Omri.

Après la lecture musicale, qu’il découvrira pour l’occasion, Éric Fottorino s’entretiendra avec le public autour de ce livre et de la situation en Méditerranée.

 

En coréalisation avec le conservatoire Pierre Barbizet – un établissement de l’INSEAMM.


À lire

  • Éric Fottorino, La Pêche du jour, Philippe Rey, 2022.

Des gens dans les gens

Marion Fayolle et Louis Zampa

Nous ne sommes que traces, fragments, bribes, souvenirs de ceux et celles qui traversent notre vie et la remplissent. Sur scène, la femme qui dessine (Marion Fayolle) a invité un ami de longue date (Louis Zampa). Ensemble, ils effeuillent les livres de la femme « comme des bouquets de paroles et d’images glanées çà et là » qu’elle récolte et rassemble. On y croise des personnages en creux pour accueillir nos bosses, un petit train en bois, un père en pierre qui râpe et coupe les pieds, un grand-père mort qui renaît pour que son petit-fils puisse le rencontrer, des bouches et des mains dessinées sur des corps pour continuer à joindre le geste à la parole. S’interrogeant mutuellement sur la façon d’entrer dans les gens, la fille qui dessine et l’ami comédien brouillent leurs contours pour mieux se glisser dans la peau des autres et finalement se fondre l’un dans autre.

Tout à la fois lecture dessinée, chantée et dansée, Des gens dans les gens offre une performance artistique originale à la croisée de la littérature et du théâtre. Imaginé et mis en scène par Marion Fayolle et Louis Zampa, ce spectacle nous invite à une balade poétique dans l’univers revisité de la femme qui dessine : on sort des cases, on quitte la page pour vivre à ses côtés des petits moments de grâce aérienne comme des bulles tout droit sorties des albums poétiques et décalés de Marion Fayolle, Les Amours suspendues (Prix spécial du jury à Angoulême en 2018), Fond perdu, La Tendresse des pierres, Postillons ou La Maison nue. Il paraît même que nous y entendrons quelques textes inédits…


À lire

  • Marion Fayolle, La Maison nue, Éditions Magnani, 2022.

Cette lecture musicale a été créée à la Maison de la poésie, Paris.

À la rencontre d’un auteur

Olivier Adam dialogue avec ses jeunes lecteurs

Accompagnées par la critique littéraire Élodie Karaki, deux classes de lycéens marseillais se sont entraînées à interviewer Olivier Adam, autour de son œuvre qui comprend à la fois des livres pour les adultes et pour la jeunesse dont certains ont été adaptés au cinéma. Après s’être réparti les lectures de deux de ses romans, Des vents contraires et Je vais bien, ne t’en fais pas, les lycéens en ont débattu en classe, explorant à la fois le fond et la forme de ces textes. Les liens complexes qui unissent et désunissent les familles, la fragilité des identités, les difficultés à s’adapter socialement et la reconstruction sont des thématiques chères à Olivier Adam dont les jeunes intervieweurs n’ont eu aucun mal à s’emparer. Ils ont préparé une avalanche de questions, impatients d’interroger l’écrivain sur les secrets de son écriture.

Une rencontre ouverte à tous pour plonger à la fois l’univers d’un auteur et dans les préoccupations des adolescents d’aujourd’hui.


À lire

  • Olivier Adam, Dessous les roses, Flammarion, 2022.
  • Olivier Adam, Des vents contraires, L’Olivier, 2009.
  • Olivier Adam, Je vais bien, ne t’en fais pas, Le Dilettante, 2000.

Entrer dans la légende

Rencontre avec Marie Charrel et Anna Hope
Rencontre animée par Chloë Cambreling et traduite de l’anglais par Valentine Leÿs

Le Rocher blanc et Les Mangeurs de nuit étaient écrits pour se rencontrer. À la croisée des livres de Marie Charrel et de l’autrice britannique Anna Hope, figure en effet une matrice fictionnelle commune où se mêlent nature séculaire, légendes chamaniques, destins de femmes, colonisation destructrice et menace climatique.

Du Mexique au Canada, des vagues du Pacifique aux forêts de la Colombie-Britannique, des cérémonies wixárika au mythe de l’ours blanc, du racisme d’État à la dilution progressive des cultures autochtones, les deux romancières partagent le même élan épique pour la beauté du monde et ses mystères et le même regard aiguisé sur la folie humaine et ses funestes conséquences. Leurs personnages brillent de cette intensité dramatique qui donne au texte toute sa puissance. Deux fresques historiques, un grand bol d’air comme un coup de fouet.

 

En coréalisation avec le Mucem.


À lire

  • Marie Charrel, Les Mangeurs de nuit, Éditions de l’Observatoire, 2023.
  • Anna Hope, Le Rocher blanc, traduit de l’anglais (Angleterre) par Élodie Leplat, Le Bruit du monde, 2022.

Au nom du père et du fils

Sabyl Ghoussoub et Xavier Le Clerc
Rencontre animée par Salomé Kiner

Écrire des livres permet parfois de rendre justice, de remettre un peu d’ordre dans la vie : Sabyl Ghoussoub et Xavier Le Clerc sont des enfants de la guerre (du Liban pour l’un, de l’Algérie pour l’autre) et de l’exil familial. Ils ont choisi de raconter la vie de leurs parents fuyant la fureur et la misère, abandonnant leur famille pour cette France qui intègre si bien leurs enfants.

Dans Beyrouth-sur-Seine, Sabyl Ghoussoub interroge les souvenirs de son père, poète de PMU qui trimbale son passé dans des sacs plastique, et de sa mère, prêtresse WhatsApp du Liban familial.

Dans Un homme sans titre, Xavier Le Clerc rend hommage à cet enfant affamé décrit par Albert Camus, devenu ce père taiseux, cet ouvrier invisible qui nourrit sa famille, tête baissée.
Deux magnifiques déclarations d’amour filial.

 

En coréalisation avec le Mucem.


À lire

  • Sabyl Ghoussoub, Beyrouth-sur-Seine, Stock, 2022 (prix Goncourt des lycéens 2022).
  • Xavier Le Clerc, Un homme sans titre, Gallimard, 2022.