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Une vie souterraine

Isabelle Daunais et Christophe Pradeau
Rencontre animée par Élodie Karaki

Oh les beaux jours ! a convié Isabelle Daunais, professeure de littérature à l’université McGill de Montréal, à dialoguer avec l’écrivain français Christophe Pradeau pour un de ces échanges stimulants que le festival affectionne. Auteur discret d’une œuvre magnifique et intemporelle, Christophe Pradeau a publié depuis 2005 trois romans aux éditions Verdier, qui sont autant de joyaux littéraires.

En compagnie d’Isabelle Daunais, il reviendra sur les grands thèmes qui jalonnent son œuvre, où l’histoire se mêle souvent à la géographie : cette « vie souterraine », à la fois vie réelle et ensemble de vies possibles, comme une méthode pour percevoir et décoder le monde ; sa passion pour les traces, l’archive et les souvenirs enfouis ; l’importance pour ses personnages de faire un récit, de réfléchir au pouvoir d’enchantement de la parole et de la belle langue.

Une rencontre riche, menée comme une véritable masterclasse de littérature contemporaine pour découvrir avec exigence l’œuvre d’un écrivain rare.


À lire :

  • Isabelle Daunais, La Vie au long cours. Essais sur le temps du roman, Boréal, 2021.
  • Christophe Pradeau, Les vingt-quatre Portes du jour et de la nuit, Verdier, 2017.

Chacun cherche son film

Guillaume Poix et Julie Wolkenstein
Rencontre animée par Élodie Karaki

C’est une énigmatique histoire de films disparus qui réunit Guillaume Poix et Julie Wolkenstein : Dans Star, le premier s’est pris de passion pour Ariel Winthrop, grand figurant de Hollywood, auteur d’un unique film qu’il a lui-même détruit, que son héros, comédien raté, traque jusqu’à Los Angeles avec l’aide d’une Nicole Garcia un tantinet manipulatrice.
Dans Les Vacances, la seconde lance un jeune thésard en cinéma invisible et une universitaire sexagénaire spécialiste de la comtesse de Ségur sur les traces de l’adaptation par Éric Rohmer des Petites filles modèles, elle aussi mystérieusement disparue.

Construits comme des enquêtes frisant le polar à tiroirs, les deux romans enchevêtrent fiction et réalité avec un tel aplomb qu’il est bien difficile de démêler le vrai du faux. Mais n’est-ce pas là le propre d’un bon scénario ?


À lire

  • Guillaume Poix, Star, Verticales, 2023.
  • Julie Wolkenstein, Les Vacances, P.O.L, 2017 (prix des Deux Magots 2018).

Retrouvez
Julie Wolkenstein dans Les siestes acoustiques autour de son dernier roman, La Route des Estuaires (P.O.L, 2023).

Cherchez la femme

Hélène Frappat et Alice Zeniter
Rencontre animée par Élodie Karaki

52 % de l’humanité ne sont pas représentés dans les œuvres que l’on traverse : c’est le constat navrant que dresse Alice Zeniter dans Toute une moitié du monde. Après Je suis une fille sans histoire qui pointait la place subalterne des femmes dans la fiction, l’autrice enfonce joliment le clou des inégalités de genre dans le champ de la création, avec cet essai littéraire drôle et percutant, où elle n’hésite pas à se remettre elle-même en cause en tant qu’écrivaine.

Dans Trois femmes disparaissent, Hélène Frappat raconte à la manière d’un roman noir le destin récurrent de trois générations d’actrices à Hollywood (Tippi Hedren, héroïne des Oiseaux de Hitchcock ; Melanie Griffith, sa fille, inoubliable dans Dangereuse sous tous rapports ; et Dakota Johnson, sa petite-fille, que l’on a vue dans 50 nuances de Grey) obligées de fuir le cinéma et ses prédateurs pour retrouver la liberté. Comment sortir des schémas narratifs formatés pour rendre les femmes visibles ? Réponse dans ce débat qui s’annonce passionnant.


À lire

  • Hélène Frappat, Trois femmes disparaissent, Actes Sud, 2023.
  • Alice Zeniter, Toute une moitié du monde, Flammarion, 2022.

La théorie du KO

Loïc Artiaga et Didier Castino
Rencontre animée par Sonia Déchamps

Sur le ring de cette rencontre, deux boxeurs : dans le coin droit, Rocky Balboa, alias Sylvester Stallone, champion du monde en huit films d’une boxe repeinte en blanc, bras armé d’une Amérique puissante et républicaine. Dans le coin gauche, Gratien Tonna, double champion d’Europe, idole de Marseille et gloire déchue de la boxe française des années 1970. Pour les soutenir dans ce duel indécis entre fiction et réalité, Loïc Artiaga, historien, spécialiste de l’histoire des cultures médiatiques et populaires, auteur de Rocky. La revanche rêvée des Blancs et Didier Castino, romancier marseillais, auteur de Boxer comme Gratien.

Entre la légende en technicolor du modèle américain et le boxeur voyou devenu petite frappe, l’issue du combat s’annonce incertaine…


À lire

  • Loïc Artiaga, Rocky. La revanche rêvée des Blancs, Les Prairies ordinaires, 2021 (Prix AugustinThierry).
  • Didier Castino, Boxer comme Gratien, Les Avrils, 2023.

Entrer dans la légende

Rencontre avec Marie Charrel et Anna Hope
Rencontre animée par Chloë Cambreling et traduite de l’anglais par Valentine Leÿs

Le Rocher blanc et Les Mangeurs de nuit étaient écrits pour se rencontrer. À la croisée des livres de Marie Charrel et de l’autrice britannique Anna Hope, figure en effet une matrice fictionnelle commune où se mêlent nature séculaire, légendes chamaniques, destins de femmes, colonisation destructrice et menace climatique.

Du Mexique au Canada, des vagues du Pacifique aux forêts de la Colombie-Britannique, des cérémonies wixárika au mythe de l’ours blanc, du racisme d’État à la dilution progressive des cultures autochtones, les deux romancières partagent le même élan épique pour la beauté du monde et ses mystères et le même regard aiguisé sur la folie humaine et ses funestes conséquences. Leurs personnages brillent de cette intensité dramatique qui donne au texte toute sa puissance. Deux fresques historiques, un grand bol d’air comme un coup de fouet.

 

En coréalisation avec le Mucem.


À lire

  • Marie Charrel, Les Mangeurs de nuit, Éditions de l’Observatoire, 2023.
  • Anna Hope, Le Rocher blanc, traduit de l’anglais (Angleterre) par Élodie Leplat, Le Bruit du monde, 2022.

Au nom du père et du fils

Sabyl Ghoussoub et Xavier Le Clerc
Rencontre animée par Salomé Kiner

Écrire des livres permet parfois de rendre justice, de remettre un peu d’ordre dans la vie : Sabyl Ghoussoub et Xavier Le Clerc sont des enfants de la guerre (du Liban pour l’un, de l’Algérie pour l’autre) et de l’exil familial. Ils ont choisi de raconter la vie de leurs parents fuyant la fureur et la misère, abandonnant leur famille pour cette France qui intègre si bien leurs enfants.

Dans Beyrouth-sur-Seine, Sabyl Ghoussoub interroge les souvenirs de son père, poète de PMU qui trimbale son passé dans des sacs plastique, et de sa mère, prêtresse WhatsApp du Liban familial.

Dans Un homme sans titre, Xavier Le Clerc rend hommage à cet enfant affamé décrit par Albert Camus, devenu ce père taiseux, cet ouvrier invisible qui nourrit sa famille, tête baissée.
Deux magnifiques déclarations d’amour filial.

 

En coréalisation avec le Mucem.


À lire

  • Sabyl Ghoussoub, Beyrouth-sur-Seine, Stock, 2022 (prix Goncourt des lycéens 2022).
  • Xavier Le Clerc, Un homme sans titre, Gallimard, 2022.

 

Oh les beaux lecteurs !

Véronique Ovaldé dialogue avec ses lecteurs 

Sous l’égide des bibliothèques de Marseille, un groupe de lecteurs et de lectrices a échangé durant plusieurs mois autour du dernier roman de Véronique Ovaldé, Fille en colère sur un banc de pierre. La critique littéraire Élodie Karaki les a accompagnés, leur livrant toutes les ficelles de son métier et les voilà désormais prêts à animer une rencontre avec l’écrivaine.

Avec soin, ils vont nous faire découvrir les arcanes de ce roman, une fable subtile sur la famille et la sororité, une histoire de disparition qui laisse toute sa place au suspense et déploie une galerie de personnages que la narratrice fait vivre avec mystère et fantaisie.

Une rencontre en profondeur avec une romancière compagne du festival, qui ne cesse de nous surprendre.

 

En partenariat avec les bibliothèques de la Ville de Marseille.


À lire 

  • Véronique Ovaldé, Fille en colère sur un banc de pierre, Flammarion, 2023.

Des mots contre les maux

Justine Augier et Emmanuelle Lambert
Rencontre animée par Élodie Karaki

La littérature est un engagement, un geste politique, affirme Justine Augier dans son remarquable essai, Croire. Sur les pouvoirs de la littérature. Suscité par le confinement et par la mort de sa mère, ce texte est un plaidoyer sur la puissance de la littérature face aux dangers de l’époque. Adepte du temps long qui la nourrit, « elle redonne au temps sa texture, son épaisseur. Elle est ce sursaut d’imagination qui nous entraîne à croire et nous remet en mouvement. » La littérature est politique quand elle parle de l’exil et de l’altérité, quand elle lutte contre l’appauvrissement de la langue. Elle est aussi espace de transmission au sein de la famille, ici d’une mère à sa fille, ou auprès des générations futures.

Mais le pouvoir de la littérature tient aussi à l’engagement de celles et ceux qui l’enrichissent et la font grandir. Colette, dont on célèbre cette année le 150e anniversaire de la naissance, en reste l’une des figures émancipatrices qui continue de séduire un lectorat de tout âge. En témoigne Sidonie Gabrielle Colette, le livre d’Emmanuelle Lambert dans lequel l’autrice brosse un portrait littéraire de la femme et de l’artiste transgressive que fut Colette.

Comme Justine Augier, Emmanuelle Lambert connaît bien les pouvoirs de la littérature. Avant de s’intéresser à Colette, elle a fait redécouvrir Genet et Giono à travers deux expositions au Mucem. Écrivaine, elle aussi a puisé dans l’écriture la force nécessaire pour accepter la mort de son père, expérience dont elle a fait un beau récit, Le Garçon de mon père.

Dialogue croisé entre deux autrices qui empruntent des chemins exigeants et savent mieux que personne partager leur capacité à rendre toute expérience de lecture profondément sensible.


À lire :

  • Justine Augier, Croire. Sur les pouvoirs de la littérature, Actes sud, 2023.
  • Emmanuelle Lambert, Sidonie Gabrielle Colette, Gallimard, 2022.
  • Emmanuelle Lambert, Le Garçon de mon père, Stock, 2021.

Préhistoire 2.0

Noëlle Michel et Marylène Patou-Mathis
Rencontre animée par Guénaël Boutouillet

Bienvenue au Neandertal Park, le rendez-vous télévisuel concocté par Noëlle Michel dans son étonnant roman, Demain les ombres. Ici, la manipulation génétique est d’abord source de divertissement : des familles néandertaliennes, nées d’un ADN pure souche, vivent leur quotidien préhistorique sous le regard de millions de téléspectateurs. Mais tout se complique quand la production décide d’introduire quelques Homo sapiens du XXIe siècle… Jusqu’où peut aller la manipulation génétique ? Doit-on tout expérimenter au nom de la science ? L’être humain est-il obligé de faire tout ce que le progrès technologique lui permet de réaliser ?
Pour en débattre aux côtés de Noëlle Michel, la préhistorienne Marylène Patou-Mathis, directrice de recherche au CNRS, spécialiste des Néandertaliens, qui a contribué par sa relecture scientifique à la qualité du roman. Rencontre entre une autrice et une chercheuse, entre suspense et éthique, de quoi passionner les Sapiens que nous sommes !


À lire

  • Noëlle Michel, Demain les ombres, Le Bruit du monde, 2023.
  • Marylène Patou-Mathis, L’homme préhistorique est aussi une femme, Allary Éditions, 2020.

 

P.O.L : 40 ans d’édition !

Frédéric Boyer, Marie Darrieussecq, Liliane Giraudon, Lucie Rico et d’autres auteurs P.O.L dans la salle !
Rencontre animée par Élodie Karaki

P.O.L : trois initiales qui claquent depuis 40 ans au fronton de l’édition française et d’une littérature toujours en mouvement. Ce sont celles de son regretté fondateur, Paul Otchakovsky-Laurens (1944-2018), qui aimait résumer son projet en ces mots : « La littérature, pour mettre le désordre là où l’ordre s’installe. » Née collection chez Hachette Livre en 1977 – c’est là que sera publié La Vie mode d’emploi de Georges Perec – avant de devenir une maison d’édition indépendante en 1983, P.O.L se distingue d’emblée par une politique littéraire novatrice, notamment avec la parution de La Douleur de Marguerite Duras. Au fil des ans, de nouveaux auteurs apparaissent (Bernard Noël, Martin Winckler, Marie Darrieussecq, Mathieu Lindon, Emmanuel Carrère, Édouard Levé, Emmanuelle Bayamack-Tam, Robert Bober, Charles Juliet, Atiq Rahimi, Jean Rolin, Lamia Ziadé, Bertrand Belin, Ryoko Sekiguchi…) qui témoignent d’une vitalité et d’une diversité éditoriales sans pareil. Avec des auteurs comme Christophe Tarkos, Suzanne Doppelt (voir ci-dessous), Olivier Cadiot et Valère Novarina, P.O.L est aussi une référence en matière de poésie et de théâtre, et publie également Trafic, une revue et une collection autour du cinéma, l’une des autres passions de son fondateur.

Entrée dans le groupe Gallimard dans les années 2000, la maison d’édition a su conserver la liberté de ton, la curiosité et l’ouverture d’esprit qui ont toujours imprégné ses choix éditoriaux. Pour en parler : son directeur, Frédéric Boyer, par ailleurs écrivain et traducteur, entouré de Marie Darrieussecq, fidèle parmi les fidèles, de la Marseillaise Liliane Giraudon, figure poétique de la maison et de Lucie Rico, prometteuse relève. Ils témoigneront chacun à leur manière de leur histoire avec P.O.L et de la relation particulière qu’ils ont nouée avec cette maison d’édition pas comme les autres.
Cette rencontre n’est que le premier rendez-vous d’une programmation estampillée P.O.L. qui se tiendra toute la journée à La Criée, avec Emmanuelle Bayamack-Tam, Mathieu Lindon, Pascalle Monnier et, au conservatoire, Lucie Rico et Julie Wolkenstein.


À lire

  • Frédéric Boyer, Le Lièvre, Gallimard, 2021.
  • Marie Darrieussecq, Pas dormir, P.O.L, 2021.
  • Liliane Giraudon, Polyphonie Penthésilée, P.O.L, 2021.
  • Lucie Rico, GPS, P.O.L, 2022.

À voir

que devient une image dans un champ électrique
Suzanne Doppelt
exposition du samedi 15 avril au samedi 24 juin 2023

Une exposition au CipM qui s’inscrit dans le cycle de rencontres lié au 40e anniversaire des éditions P.O.L.

que devient une image dans un champ électrique est une reprise et un redéploiement des photographies de Suzanne Doppelt hors du livre, des livres, ensemble par ensemble, ainsi qu’un réagencement documenté, complété à l’échelle d’un lieu, d’une pièce, d’une salle à parcourir. Un dispositif pour redécouvrir et approfondir cette fabrique singulière d’images liée à l’écriture poétique.

Suzanne Doppelt a codirigé avec Pierre Alferi la revue Détail et a fait partie du comité de rédaction de la revue Vacarme. Elle a également poursuivi des  projets avec Anne Portugal, François Matton, Jean-Christophe Bailly et Cole Swensen. Elle a exposé ses photographies notamment au Centre Pompidou, à l’Institut français de Naples, à l’ENS Lyon, à la galerie Martine Aboucaya, au musée du Louvre, à NYU, à Brown University, aux Ateliers des Arques.
Ses livres sont publiés essentiellement aux éditions P.O.L.