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Qui-vive

Valérie Zenatti (texte, voix), Laurent Natrella (voix), Franck Anastasio (chant, guitare), Éric Slabiak (violon, guitare)

Mathilde est professeure d’histoire-géographie. Son métier est sa boussole et la clé de voûte de sa compréhension du monde. Mais ses certitudes sont ébranlées par l’élection de Trump, la pandémie et l’invasion de l’Ukraine. Confinée, elle se réfugie dans le visionnage compulsif d’une vidéo où Léonard Cohen, en manque d’inspiration, interrompt son concert à Jérusalem pour ne pas mentir à son public. Elle s’identifie au chanteur renonçant à livrer son art par souci de justesse, elle qui ne se sent plus capable de transmettre une histoire qu’elle ne comprend plus. En quête de vérité, elle quitte tout pour suivre les traces de Léonard Cohen en Israël.

Dans Qui-vive, Valérie Zenatti raconte ce road-trip initiatique au cours duquel son héroïne, désorientée par les crises, cherche à vibrer de nouveau à l’unisson du monde. Elle y explore le lien entre l’intériorité et l’Histoire, thème récurrent dans son œuvre. Valérie Zenatti a connu un succès international avec son livre Une bouteille dans la mer de Gaza (2005), avant de recevoir le prix du Livre Inter en 2015 pour Jacob, Jacob. Elle est aussi la traductrice du grand écrivain israélien Aharon Appelfeld dont elle fut l’amie.

L’écrivaine nous offre une lecture musicale de Qui-vive, accompagnée par un plateau d’artistes talentueux : le comédien et metteur en scène Laurent Natrella (514e sociétaire de la Comédie-Française), et les musiciens et chanteurs Éric Slabiak et Frank Anastasio, figures bien connues des groupes de musique yiddish et tzigane Les Yeux noirs et Josef Josef. On y entendra Leonard Cohen, bien sûr, mais aussi des chants d’Europe de l’Est, la musique de Vivaldi, et même Nancy Sinatra et son célèbre Bang Bang


À lire

  • Valérie Zenatti, Qui-vive, L’Olivier, 2024.

Touché

Avec Mathieu Amalric (lecture) et Pascalle Monnier (texte)
Lecture suivie d’un entretien avec Pascalle Monnier animé par Michaël Batalla

Que peut-on faire dans un lit d’hôpital ? Lire, écrire, dresser des listes de choses à faire ou ne plus faire, prendre de bonnes résolutions pour tenter d’être meilleure dans ce qu’il nous reste à vivre, quand on retournera dans le présent.

Pascalle Monnier a été, à son corps défendant, cette femme immobilisée dans le temps contraint de l’impuissance. Touché en garde la mémoire non autobiographique. L’infinitif s’adresse à tous en mettant les événements personnels à distance. Suspendu entre aujourd’hui et demain, il incite aux projets éventuels, aux volontés incertaines et aux souhaits en lisière.

Lovée dans la voix chaleureuse de Mathieu Amalric, la liste s’égrène, exigeante, fragile, bouleversante, et nous nous surprenons à en faire une, nous aussi… qui commencerait par aller assister à l’entretien avec l’autrice après la rencontre pour tenter d’en savoir plus sur ce dialogue solitaire, tentative poétique réussie d’une sorte d’anti-manuel de développement personnel.


À lire

  • Pascalle Monnier, Touché, P.O.L, 2023.

Cette lecture a été créée à la Maison de la poésie, Paris.

Une somme humaine

Avec Gaspar Claus (violoncelle) et Marie-Sophie Ferdane (lecture)
Suivi d’un entretien avec Makenzy Orcel animé par Guénaël Boutouillet

Tout s’éclaircit après la mort.

Cette phrase prononcée par la narratrice depuis l’au-delà ouvre le roman de Makenzy Orcel là où normalement tout finit. Une voix féminine nous invite à la suivre à travers un voyage dans le temps de son existence, de sa naissance à sa fin tragique voire un peu plus loin. Tout commence dans un village du sud de la France où il ne fait pas bon vivre, surtout lorsqu’on étouffe de solitude entre une mère qui ne sait pas l’être, un père distant et un oncle violent. La voix raconte alors la fuite à Paris et le vertige d’un autre espace-temps, celui de la vitesse, de la modernité, de la Sorbonne et des rencontres amoureuses : Makenzy le blanc, à la dureté manipulatrice, Orcel le noir, tendre et doux, arrivé du Mali à Clichy et dont la vie s’arrêtera brutalement au Bataclan. Le bonheur n’est décidément pas pour elle qui rêve juste d’être heureuse. Alors à quoi bon vivre d’autant qu’« à partir de la mort tout recommence. »

Deuxième volet d’une trilogie commencée avec L’Ombre animale, Une somme humaine est une invitation poétique au voyage dans une zone littéraire où la langue est au service de la voix et de la parole. La comédienne Marie-Sophie Ferdane, ancienne pensionnaire de la Comédie française, que l’on a vue depuis au théâtre mise en scène par Laurent Pelly, Arthur Nauzyciel ou Pascal Rambert, empoigne le texte avec une puissance fiévreuse, en équilibre sur la corde raide d’un violoncelle tourmenté, habité par le musicien virtuose Gaspar Claus. Rarement lecture musicale n’aura aussi bien porté son nom ! Le cœur se cogne aux mots dans un tempo à couper le souffle.

Cette grande lecture s’achèvera en bord de scène aux côtés de Makenzy Orcel dans un échange autour de ce roman flamboyant, finaliste du Prix Goncourt 2022.


À lire

  • Makenzy Orcel, Une somme humaine, Rivages, 2022.

À écouter

  • Gaspar Claus, Tancade, InFiné, 2021.

Cette lecture, soutenue par la MéCA/Ville d’Aix-en-Provence, a été créée au festival Les Promesses de l’aube.