Avec Sorj Chalandon et Sébastien Gnaedig. Rencontre animée par Tewfik Hakem.
Émile pourrait être un enfant comme un autre… s’il n’y avait pas son père. Nous sommes au début des années 1960, la guerre d’Algérie fait rage et des putschistes cherchent à renverser la République. Le père tente d’enrôler son fils dans l’organisation secrète OAS qui a pour but d’assassiner le général de Gaulle, ce « salaud qui brade la France aux Russes et aux cochons ». Lever en pleine nuit, coups de ceinturon et de poing, punitions, enfermement dans l’armoire (« la maison de correction ») : Émile subit la violence de son père qui n’en finit pas de l’entraîner dans ses délires mensongers et paranoïaques. La mère, elle, s’efface dans un consentement subi. Comment fait-on pour résister, à douze ans, à un tel déchainement de brutalité paternelle ?
Profession du père (Grasset, 2015) est le roman le plus secret et le plus autobiographique de l’écrivain et reporter de guerre Sorj Chalandon. Un véritable coup de cœur pour Sébastien Gnaedig, qui en a réalisé l’adaptation en bande dessinée. Il a su saisir le temps (la France des années De Gaulle), l’espace (un petit appartement lyonnais) et faire le récit de ce huis-clos familial, au plus juste des émotions. Si Chalandon a eu douleur à écrire ce livre, Gnaedig semble avoir eu vif plaisir à en saisir chaque souvenir.
Oh les beaux jours ! réunit l’auteur et le romancier sur le plateau de La Criée pour les inviter à évoquer leur travail autour de cette œuvre, mais aussi à explorer la question de l’adaptation, cet étrange dialogue entre les images et les mots, entre la littérature et la bande dessinée.
À lire :
- Sébastien Gnaedig, d’après le roman de Sorj Chalandon, Profession du père, Futuropolis, 2018.
- Sorj Chalandon, Profession du père, Grasset, 2015.