Maylis de Kerangal
Entretien animé par Camille Thomine
Un appel venu du Havre. Un cadavre sur la plage. Un numéro de téléphone griffonné sur un ticket de cinéma. Et une femme, doubleuse de films, rappelée brutalement à une ville quittée depuis des décennies. Ainsi s’ouvre Jour de ressac, le dernier roman de Maylis de Kerangal, où l’enquête cède rapidement la place à une dérive urbaine et mentale, tissée de réminiscences, de visages oubliés et de paysages intérieurs.
Dans ce récit à la première personne – une rareté chez l’autrice – Le Havre devient bien plus qu’un décor : il agit comme un révélateur. Ville reconstruite sur ses ruines, ville fantôme et ville vivante, elle expose ses failles au même rythme que la narratrice redécouvre les siennes. Tout est affaire de correspondances, de signaux faibles, de liens invisibles. Le style ample et sinueux de Maylis de Kerangal épouse ce mouvement, entre rêverie concrète et lucidité inquiète.
Lors de cette rencontre, l’écrivaine lira des extraits de son roman et reviendra sur ce livre qu’elle dit être son plus personnel, non parce qu’il raconte sa vie, mais parce qu’il creuse le sol de ce qui la fonde : une ville, une voix, une mémoire qui travaille encore. Jour de ressac n’est pas un retour nostalgique, mais un regard tendu vers ce qui persiste.
À lire
- Maylis de Kerangal, Jour de ressac, Éditions Verticales, 2024.
Retrouvez Maylis de Kerangal le dimanche 1er juin à 11h au GMEM pour Musiques-Fictions.