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Les beaux jours de Zeruya Shalev

Zeruya Shalev
Entretien animé et traduit par Valérie Zenatti

Dès ses premiers romans, Zeruya Shalev s’est imposée comme l’une des voix les plus puissantes de la littérature israélienne contemporaine. Diplômée en études bibliques, éditrice puis écrivaine, elle explore, dans une langue aussi dense que lumineuse, les failles intimes, les liens familiaux, la mémoire des corps et des âmes. Avec Ce qui reste de nos vies, Douleur, Vie amoureuse ou Stupeur, ses récits, traduits dans plus de 25 langues, ont conquis un public international. Son œuvre, parfois nourrie d’éléments autobiographiques, atteint une dimension universelle — là où le cœur humain résiste, s’attache, se brise ou renaît.

Née en 1959 dans un kibboutz de Galilée, elle grandit au rythme des récits bibliques que lui lisait son père. En 2004, elle survit à un attentat-suicide à Jérusalem, une épreuve qui bouleverse sa vie comme son écriture. Pourtant, jamais ses romans ne cèdent à la tentation du manifeste : tout y passe par l’intime, par la tension intérieure, par le fil presque invisible qui relie la douleur individuelle aux fêlures collectives.

Récompensée par de nombreux prix littéraires, dont en France le Prix Femina étranger (2014) et le prix Jan Michalski (2019), Zeruya Shalev sera interviewée par une autre écrivaine qui la connaît bien, Valérie Zenatti. Ensemble elles reviendront sur son enfance, sa mère peintre et son père critique littéraire, sur les auteurs qui ont nourri son œuvre (Virginia Woolf notamment) et sur son processus d’écriture. Elles évoqueront aussi l’adaptation cinématographique de Vie amoureuse, avec la comédienne Maria Schneider.
Une rencontre rare, un face-à-face entre deux écrivaines d’une intensité peu commune, ponctuée de lectures.


À lire

  • Zeruya Shalev, Ce qui reste de nos vies, traduit de l’hébreu par Laurence Sendrowicz, coll. «Du monde entier», Gallimard, 2014 (prix Femina étranger).
  • Douleur, traduit de l’hébreu par Laurence Sendrowicz, coll. «Du monde entier», Gallimard, 2017.
  • Stupeur, traduit de l’hébreu par Laurence Sendrowicz, coll. «Du monde entier», Gallimard, 2023.
  • Valérie Zenatti, Une bouteille dans la mer de Gaza, L’École des loisirs, 2005; Jacob, Jacob, Éditions de l’Olivier, 2014 (Prix du livre Inter); Qui-vive, Éditions de L’Olivier, 2024.

 

Retrouvez Valérie Zenatti pour une sieste acoustique le dimanche 1er juin à 14h au conservatoire Pierre Barbizet.

 

Les beaux jours de Susie Morgenstern

Susie Morgenstern et Noam Silvy
Entretien animé par Chloë Cambreling

Oh les beaux jours ! consacre cette année un grand entretien à une figure incontournable de la littérature jeunesse, Susie Morgenstern, adulée par des générations de lecteurs, en France et au-delà. Dans ses romans, souvent nourris de son propre parcours, elle explore les questions universelles de l’enfance : la solitude, l’entrée dans l’adolescence, le poids des héritages familiaux, et le besoin vital d’affection et de liberté.

Née aux États-Unis (à Newark, comme Philip Roth, qu’elle admire), issue d’une double culture juive et américaine, elle s’est installée à Nice et a commencé à écrire, en français, à la naissance de ses filles dans les années 1970. Livre après livre, elle est devenue l’une des autrices les plus célèbres de la littérature jeunesse. La Sixième (1984), best-seller intemporel, Lettres d’amour de 0 à 10 (1996, prix Tam-Tam) ou encore Joker, La famille trop d’filles ou Confessions d’une grosse patate sont autant de romans devenus des classiques, traduits dans de nombreuses langues et portés par une écriture vive, drôle, toujours en empathie avec ses personnages. Dans Mes 18 exils (2021), elle revient sur son propre chemin de vie, marqué par les voyages, l’amour, les épreuves et les renaissances, révélant combien son œuvre, tout en s’adressant à la jeunesse, parle à chacun d’entre nous.

Depuis quelques années, elle aime travailler en famille et écrit à quatre mains avec ses petits enfants. Sur scène, elle sera d’ailleurs accompagnée par Noam Silvy, son petit-fils pianiste avec qui elle a créé la lecture musicale adaptée de son album Mr Gershwin. Les gratte-ciels de la musique, dont ils feront entendre un extrait.

Un grand entretien en compagnie d’une conteuse inoubliable, dont l’optimisme farouche et l’énergie communicative combleront tous ses lecteurs, petits et grands ! Car, comme elle le dit elle-même : «Je n’écris pas pour la jeunesse, j’écris pour tout le monde. »


À lire

  • Susie Morgenstern, Lettres d’amour de 0 à 10, L’École des loisirs, 1996.
  • Mr Gershwin. Les gratte-ciels de la musique, avec Sébastien Mourrains (illustrations), Didier Jeunesse, 2015.
  • Les Vertuoses, avec Emma Gauthier, L’École des loisirs, 2022.
    La Fleur du passage clouté, avec Serge Bloch (illustrations), L’École des loisirs, 2025.

Les beaux jours de Paul B. Preciado

Paul B. Preciado
Entretien animé par Olivia Gesbert
Avec des interviews filmées de Virginie Despentes et Julien Delmaire

Philosophe du corps, des études de genre et de la politique sexuelle, Paul B. Preciado est l’une des voix les plus radicales et novatrices de la pensée contemporaine. Né à Burgos, en Espagne, en 1970, il se forme à la New School for Social Research à New York, puis à Princeton, où il soutient une thèse en théorie de l’architecture, marquée par les influences de Foucault, Derrida ou Judith Butler. Depuis, son parcours n’a cessé de mêler savoirs théoriques, engagement politique et récit autobiographique.

Théoricien d’une transition comme geste politique, il déconstruit avec audace les normes de genre et les structures patriarcales. Auteur de textes puissants et hybrides traduits dans le monde entier, Paul B. Preciado s’est imposé avec Testo Junkie (2008), œuvre-manifeste où il expérimente la testostérone en dehors du cadre médical, tout en critiquant les dispositifs de contrôle du corps que sont l’industrie pharmaceutique, la pornographie ou les biotechnologies. Vingt-cinq ans après sa parution, il vient de publier une nouvelle édition de son Manifeste contre-sexuel, un essai théorique fondateur de la pensée queer, où il propose une déconstruction radicale du système sexe-genre. Dans Je suis un monstre qui vous parle, il détourne le langage psychiatrique pour faire entendre une parole trans qui n’est ni pathologisée ni normée. Un appartement sur Uranus ou Dysphoria Mundi prolongent cette écriture incarnée, bouleversant les frontières entre le soi et le monde, l’intime et le politique.
Militant infatigable, commissaire d’expositions majeures (documenta 14, Biennale de Venise), cinéaste avec Orlando, ma biographie politique — film choral porté par vingt-six voix trans et non binaires — Paul B. Preciado dessine une autre cartographie des identités, en quête de mutations et de formes de vie insoumises.

Dans ce grand entretien, il reviendra sur son parcours, ses luttes, ses influences, mais aussi sur sa manière singulière d’écrire, de penser et d’habiter le monde. On y entendra aussi des interviews filmés de Virginie Despentes et de Julien Delmaire, complices de longue date.
Une rencontre exceptionnelle avec une figure intellectuelle majeure, dont les textes comme les gestes sont traversés par une énergie critique et poétique qui invite à repenser nos identités.

En coréalisation avec le Mucem.


À lire

  • Paul B. Preciado, Je suis un monstre qui vous parle, Grasset, 2020. 
  • Dysphoria Mundi, Grasset, 2022.
  • Manifeste contre-sexuel, traduit de l’espagnol par Vanasay Khamphommala, Au Diable Vauvert, 2025.

Les beaux jours de Marie-Hélène Lafon

Marie-Hélène Lafon et Pauline Maucort
Entretien animé par Marie Richeux (France Culture)

Fille du Cantal et héritière d’un monde rural qu’elle raconte avec une rare intensité, Marie-Hélène Lafon a fait de la littérature un territoire où la mémoire, les paysages et les êtres s’entrelacent. Issue d’une famille paysanne, devenue agrégée de grammaire et enseignante à Paris, elle n’a jamais rompu avec ses origines, puisant dans cette double appartenance une écriture précise, charnelle et traversée de silences éloquents.

Depuis Le Soir du chien (2001), prix Renaudot des lycéens, en passant par Histoire du fils (2020), couronné par le prix Renaudot, son œuvre creuse inlassablement la matière humaine, ausculte les liens de filiation, l’ancrage et l’exil, le poids des non-dits et la force des destinées ordinaires. Dans Joseph (2014) ou dans son dernier roman Les Sources (2023), elle excelle à faire surgir, d’une langue taillée à l’os, le monde paysan d’hier et d’aujourd’hui, ses rudesses et ses tendresses enfouies.

Marie-Hélène Lafon est l’invitée d’Oh les beaux jours ! pour un grand entretien où il sera question d’héritage et de transmission, d’écriture et de territoire, de la beauté âpre des campagnes et des vies que l’on y invente. À ses côtés, elle a convié la journaliste et productrice de documentaires radio Pauline Maucort, dont le travail de création s’appuie sur le recueil d’histoires intimes qui, par leur entrelacement, forment elles aussi la trame d’un récit collectif. Marie-Hélène Lafon nous parlera également du peintre Vincent Bioulès, et plus largement du rapport qu’elle entretient avec les images.

Une rencontre avec une des plus grandes écrivaines françaises, qui fait entendre, à travers une langue incandescente et dans la simplicité apparente du quotidien, la profondeur du romanesque.


À lire

  • Vies de Gilles, avec Denis Laget (peintures), Les éditions du Chemin de fer, 2025.
  • Les Sources, Buchet-Chastel, 2023 (prix du Style 2023).
  • Cézanne, Flammarion, 2023.
  • Histoire du fils, Buchet-Chastel, 2020 (Prix Renaudot).
  • Histoires, Buchet-Chastel, 2015 (prix Goncourt de la nouvelle).
  • Marie-Hélène Lafon, Le Soir du chien, Buchet-Chastel, 2001 (prix Renaudot des lycéens).

Retrouvez Marie-Hélène Lafon pour une sieste acoustique le vendredi 30 mai à 14h au Conservatoire.

Les beaux jours de Françoise Sagan

Arnaud Cathrine, Céline Hromadova et Denis Westhoff
Entretien animé par Alexandre Alajbegovic

Avec ce nouveau grand entretien posthume, le festival célèbre une figure incontournable de la littérature française du 20e siècle : Françoise Sagan (1935-2004), romancière fulgurante, libre et insaisissable, dont le nom évoque d’emblée l’élégance mélancolique d’un certain art de vivre et d’écrire.
Fille d’une famille bourgeoise du Lot, elle publie à seulement 18 ans Bonjour tristesse, roman scandaleusement moderne qui fait d’elle un mythe instantané, admirée pour son style vif, sa lucidité cruelle, et sa désinvolture frondeuse. « Un charmant petit monstre », écrivait Mauriac.

Sagan, c’est une « petite musique » reconnaissable entre toutes : celle des amours désabusées, des existences mondaines traversées de spleen, des héroïnes au bord du vertige. De Aimez-vous Brahms ? à La Chamade, en passant par ses pièces de théâtre, ses chroniques et ses confidences autobiographiques, elle laisse une œuvre marquée par une liberté de ton rare et une grâce faussement légère. Mais Françoise Sagan, c’est aussi une vie de passions et de scandales : la vitesse, les amitiés flamboyantes, les excès, les accidents, les procès. Une existence sans concessions, entre ivresse de vivre et solitude assumée, qui continue de fasciner autant que son écriture.

Pour évoquer cette femme sans pareil, l’écrivain Arnaud Cathrine, admirateur de longue date et auteur d’une nouvelle consacrée à l’écrivaine, la chercheuse Céline Hromadova, spécialiste de son œuvre, et Denis Westhoff, le fils de Françoise Sagan. Avec passion, mais sans nostalgie, tous se prêteront à un exercice d’admiration, entre témoignages, lectures et images d’archives.
Une traversée en clair-obscur dans l’univers d’une femme qui « ne croyait pas pouvoir vivre sans élégance », et qui fit de l’écriture un éclat de liberté.


À lire

  • Arnaud Cathrine, Nos vies romancées, Stock, 2011.
  • Céline Hromadova, Françoise Sagan à contre-courant, Presses Sorbonne Nouvelle, 2017; Bonjour tristesse 1954-2024, avec Flavien Falantin, Classiques Garnier, 2024. 
  • Denis Westhoff, Sagan et fils, Stock, 2012; Les Années Sagan, Gourcuff Gradenigo, 2024.
  • Et toute l’œuvre de Françoise Sagan !

Retrouvez Arnaud Cathrine pour le spectacle La Nuit Mylène. Tout est chaos ?, la lecture musicale Roman de plages et le DJ Set des écrivains du festival.