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Briser les chaînes

Avec Audrey Célestine et Mohamed Mbougar Sarr.
Lecture par Constance Dollé.
Une rencontre animée par Olivia Gesbert (France Culture).

Ces derniers temps, sont parus deux textes écrits par des auteurs martiniquais du XXe siècle, qu’il est urgent de redécouvrir. Un homme pareil aux autres est l’œuvre de René Maran (1887-1960), dont on se souvient peut-être qu’il fut le premier écrivain noir français à recevoir le Prix Goncourt en 1921, mais moins qu’il est l’auteur d’une œuvre riche et inclassable, composée de romans, de récits, de biographies et de poésie. La réédition de ce livre par les éditions marseillaises du Typhon s’inscrit dans le désir de faire découvrir un grand texte qui nous confronte aux ravages de la colonisation et à une forme de racisme introjecté, où la haine de l’autre vire à la haine de soi. On y suit Jean Veneuse, un administrateur colonial en partance pour le Tchad, inlassablement assigné à sa couleur de peau, qui s’autodétruit jusqu’à briser son amour avec une Blanche. C’est un autre Prix Goncourt, Mohamed Mbougar Sarr, auteur de la préface de ce livre, qui viendra en parler, abordant plus largement la question de l’écriture et du roman pour dire la violence raciale.

Lettres à une Noire a été publié pour la première fois en 1978. Écrit par Françoise Ega (1920-1976), ouvrière, militante et mère de famille établie à Marseille au milieu des années 1950, ce livre relève autant du récit intime que de la littérature de combat. À cette époque, des centaines de jeunes filles venues des Antilles débarquaient à Marseille pour devenir les domestiques de familles bourgeoises françaises. Bouleversée par l’indignité de leur statut, Françoise Ega se fait employer à son tour comme « bonne à tout faire » pour mieux dénoncer des conditions de travail proches de l’esclavage et décide de consigner cette expérience dans un journal. C’est l’historienne Audrey Célestine, spécialiste des populations noires en France et autrice d’un essai passionnant où il est question de Françoise Ega, qui viendra présenter ce classique du féminisme noir et dialoguer avec Mohamed Mbougar Sarr.

Sur scène, la comédienne Constance Dollé donnera voix aux textes de Françoise Ega et de René Maran.


À lire 

  • Audrey Célestine, Des vies de combat. Femmes, noires et libres, L’Iconoclaste, 2020.
  • Françoise Ega, Lettres à une Noire, Lux, 2021.
  • René Maran, Un homme pareil aux autres, Les Éditions du Typhon, 2021 (préface de Mohamed Mbougarr Sarr).
  • Mohamed Mbougar Sarr, La Plus Secrète Mémoire des hommes, Philippe Rey/Jimsaan, 2021 (Prix Goncourt 2021).

En coréalisation avec le Mucem.