Mathieu Lindon
Entretien animé par Joseph Ghosn
« Je suis une archive à moi tout seul » : c’est par ces mots que Mathieu Lindon clôt le premier chapitre de Une archive, le livre qu’il consacre à son père Jérôme, éditeur légendaire des Éditions de Minuit, disparu en 2001. De fait, ce livre a peu de choses à voir avec une biographie. C’est plutôt l’histoire jumelée d’une famille et d’une maison d’édition, où les liens de filiation se superposent, d’un père à ses enfants, d’un éditeur à ses auteurs. On y croise Samuel Beckett, le grand ami, et toutes les figures du Nouveau Roman que les Éditions de Minuit ont accompagnées : Alain Robbe-Grillet, Claude Simon, Robert Pinget, Marguerite Duras.
C’est aussi l’histoire d’un père imposant et d’un éditeur engagé – en témoignent procès, incendie de bureau et plasticage de son appartement – qui pense sa maison d’édition comme une œuvre d’art, au risque d’oublier les siens. C’est enfin l’histoire d’un fils, d’abord écrivain sous pseudonyme chez Minuit, qui file chez P.O.L pour s’affranchir du père, se faire un nom en retrouvant le sien et intégrer une nouvelle famille pour mieux se réconcilier avec la sienne.
À lire
- Mathieu Lindon, Une archive, P.O.L, 2023.