Avec Camille Ammoun et Lamia Ziadé
Rencontre animée par Élodie Karaki
Pour Octobre Liban, l’écrivain Camille Ammoun, par ailleurs spécialiste des questions de résilience et de durabilité urbaine, a arpenté la rue la plus longue de la capitale, histoire de mieux cerner le souffle révolutionnaire qui s’est emparé de Beyrouth en 2019 (à l’image du printemps arabe égyptien ou du hirak algérien). Une artère étroite de plus de 5 kilomètres qui change de nom et traverse tout le centre-ville, où l’auteur a interrogé les gens, participé aux débats improvisés et s’est infiltré dans les lieux alternatifs. Un vent d’espoir malheureusement réduit à néant le 4 août 2020 à 18h07 précises avec l’explosion d’un stock de 2750 tonnes de nitrate d’ammonium générant un souffle ressenti à des dizaines de kilomètres à la ronde, l’effondrement de nombreux bâtiments, causant la mort de 171 personnes et plus de 6 500 blessés et détruisant l’artère d’où était partie la contestation populaire.
De son côté Lamia Ziadé, auteure et illustratrice, raconte avec Mon port de Beyrouth la manière dont elle a vécu ce drame explosif depuis Paris et au plus profond de sa chair, mélangeant les témoignages des membres de sa famille, rendant hommage aux victimes, tressant des louanges aux pompiers, bénévoles et membres du corps soignant, ponctuant le tout de son ressenti personnel face à son pays natal et de flashback sur l’histoire du Liban. Le tout en alternant textes et dessins dans un livre qui émeut par son urgence et sa sincérité.
Avec Beyrouth en personnage principal, les livres de Camille Ammoun et de Lamia Zadié se font écho, l’un se terminant là où l’autre débute, lorsqu’un drame a éteint la flamme d’un espoir démocratique et remis malheureusement en mémoire la corruption politique qui gangrène le pays depuis des générations.
À lire
- Camille Ammoun, Octobre Liban, Inculte, 2020.
- Lamia Ziadé, Mon Port de Beyrouth, P.O.L, 2021.