La petite bibliothèque de Sylvain Prudhomme

© Sabine Scheckel / Oh les beaux jours !

Durant le festival, nous avons interrogé les autrices et auteurs invités sur une petite bibliothèque idéale. Rencontre avec Sylvain Prudhomme qui a publié Coyote aux Éditions de Minuit.

 

Quelle œuvre vous évoque la mer ?

Je pense tout de suite à Ferré, à La mémoire et la mer.

[Il fredonne] La marée je l’ai dans le cœur Qui me remonte comme un signe…

C’est une mer effrayante, mais il y a une puissance océanique qui emporte complètement.

Quelle œuvre vous évoque le soleil et la chaleur ?

[Il fredonne] Le temps est bon… C’est une belle chanson, joyeuse, lumineuse et l’air de rien c’est assez profond sous son côté très léger. Il y a quelque chose du bonheur que je trouve bien incarné et exprimé par la musique. On le sent, ça passe dans la chanson.

 

Quels sont les auteurs dont vous avez lu le plus de livres ?

Francis Ponge, Claude Simon, Marguerite Duras.

 

 

Quel livre n’est pas assez connu selon vous ?

Lune de loups de Julio Llamazares. Un livre sur la retirada des républicains espagnols qui se sont cachés, poursuivis par les troupes de Franco. Presque toute l’Espagne est conquise et ils sont cachés dans les montagnes du nord. Ils vivent une existence de bêtes traquées, sans cesse au bord de la mort. C’est un livre merveilleux, magnifique, très poétique.

Y a-t-il une phrase qui vous accompagne, que vous connaissez par cœur ?

Je m’étais amusé à apprendre ce poème de Mallarmé il y a peut-être 20 ans, et parfois je me le répète pour occuper mon esprit avec quelque chose de mécanique, de machinal.

Le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui
Va-t-il nous déchirer avec un coup d’aile ivre
Ce lac dur oublié que hante sous le givre
Le transparent glacier des vols qui n’ont pas fui !

C’est un texte hyper difficile mais on l’a en bouche, on le mâche presque tellement chaque mot sonne. Mais ce n’est pas un poème pour lequel j’ai une admiration particulière, c’est juste un bibelot d’inanité sonore. C’est bien d’avoir dans sa poche un cailloux qu’on triture, qu’on tourne, qu’on remâche. C’est comme un chewing gum ce poème de Mallarmé pour moi !

Après, il y a ces vers de théâtre que j’adore absolument, et j’aurai dû commencer par là, dans En attendant Godot de Beckett :

– Allons-nous en.
– On ne peut pas.
– Pourquoi ?
– On attend Godot.

Quel auteur inviteriez-vous à Oh les beaux jours ! ?

Beckett ! S’il vient demain, je suis impressionné. Je n’ai pas besoin de rencontrer les auteurs que j’ai lu avec bonheur, je n’ai pas forcément envie de beaucoup lui parler. Mais je serai content d’aller le voir, d’aller l’écouter.

 


Quel est votre personnage préféré ?

Don Quichotte

23 juin 2025
2 min.

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