Najat El Hachmi et Delphine Minoui
Rencontre animée par Amaury Chardeau
Dans Lundi, ils nous aimeront – qui a reçu le prestigieux prix Nadal, souvent qualifié de Goncourt espagnol – Najat El Hachmi nous plonge dans la banlieue de Barcelone à la fin des années 1990. Deux adolescentes d’origine marocaine y tentent de s’extraire des carcans patriarcaux et culturels qui enserrent leur quotidien. L’une, fougueuse, entraîne l’autre dans un mouvement de libération intime et collectif. À travers leur amitié se dessinent de nouveaux territoires de désir et de parole. L’écriture, chez Najat El Hachmi, devient un espace de résistance et un outil d’émancipation.
Avec Badjens – littéralement «mauvais genre» en persan – Delphine Minoui donne voix à une adolescente iranienne. Nous sommes à Chiraz, en 2022, au cœur du soulèvement «Femme, Vie, Liberté». La jeune héroïne, 16 ans, monte sur une benne à ordures pour brûler son voile, dans un geste de défi aussi intime que politique. À travers un monologue intérieur brûlant d’émotion et de lucidité, elle remonte le fil de sa vie : une enfance marquée par la violence d’un père autoritaire, les désirs contrariés de son corps, les chansons qui la galvanisent, les complicités adolescentes, les premiers émois amoureux. Le surnom que sa mère lui a donné, Badjens, se révèle prophétique : il porte en germe son insoumission.
Rencontre entre deux écrivaines qui explorent la manière dont les corps féminins peuvent résister à l’effacement. Comment, malgré les murs dressés – ceux de la famille, du pouvoir, des traditions – l’envie d’aimer librement, de vivre pleinement, continue de frayer son chemin. Et comment l’écriture, toujours, trace une brèche.
En coréalisation avec le Mucem.
À lire
- Najat El Hachmi, Lundi, ils nous aimeront, traduit du catalan par Dominique Blanc, Éditions Verdier, 2025.
- Delphine Minoui, Badjens, Seuil, 2024.