Maryse Condé avec ses invités, Richard Philcox et Françoise Semiramoth.
Entretien animé par Valérie Marin La Meslée (Le Point).
Lecture par Eva Doumbia.
Originaire de Guadeloupe, Maryse Condé est l’auteure d’une œuvre considérable, traduite en plusieurs langues, étudiée dans le monde entier. On ne compte plus les récompenses qu’elle s’est vu décerner internationalement, jusqu’à celle, récente, qui couronne presque 50 ans d’écriture : le prix de la Nouvelle Académie de littérature (qui a remplacé en 2018 le Nobel de littérature). Le jury de ce Prix a salué dans son œuvre « les ravages du colonialisme et le chaos post-colonial dans une langue à la fois précise et bouleversante. »
Journaliste, dramaturge, auteure pour la jeunesse, essayiste et romancière, elle a également été professeure émérite à l’université de Columbia, aux États-Unis, où elle a fondé le Centre d’études françaises et francophones.
L’œuvre de Maryse Condé embrasse trois continents, l’Amérique, l’Afrique et l’Europe, liés à son parcours et à ses engagements. Née en 1937 à Pointe-à-Pitre, d’un père banquier et d’une mère institutrice, la future romancière confesse avoir grandi dans un milieu protégé, loin des questions qui parcourent sa littérature, et n’avoir pris conscience de la couleur de sa peau qu’en arrivant en France, à l’âge de 16 ans. Sa lecture d’Aimé Césaire la conduit à remonter le fil de l’histoire de l’esclavage et cette quête identitaire la mène en Afrique de l’Ouest. De cette expérience, elle tirera Ségou, roman historique en deux volumes qui la fait entrer dans le paysage littéraire. Vont suivre de nombreux romans où elle met souvent en scène des femmes maltraitées par l’histoire, qui tentent de conquérir leur liberté (Moi, Tituba sorcière noire de Salem ; Victoire, les saveurs et les mots, où elle rend hommage à sa grand-mère ; Desirada…). Elle aborde aussi la question des classes sociales à travers la saga d’une grande famille caribéenne (La Vie scélérate, Prix de l’Académie française en 1988), se raconte elle-même dans une très belle autobiographie (La Vie sans fards), met fin à ce qu’elle nomme « le mythe de la négritude » dans Le Fabuleux et Triste Destin d’Ivan et Ivana, son dernier roman inspiré de l’attentat terroriste d’Amedy Coulibaly en 2015.
Au Mucem, nous retracerons avec elle son parcours. Elle partagera la scène avec des complices artistiques qui feront entendre ses textes ; évoquera ses engagements et un projet avec de jeunes Marseillaises de La Busserine autour de son roman pour la jeunesse Chiens fous dans la brousse ; reviendra sur la question de la représentation des noirs, notamment dans les musées… Mais on ne vous dit pas tout, seulement que la présence de la grande Maryse Condé est exceptionnelle !
À lire
- La Vie sans fards, JC Lattès, 2012
- Le Fabuleux et Triste Destin d’Ivan et Ivana, JC Lattès, 2017.
En coréalisation avec le Mucem.