Grand déballage

Notre époque
Rencontre
jeudi 29 mai, 18h
1h
Tout public
Entrée libre
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Mona Messine et Esther Teillard
Rencontre animée par Claire Mayot

Il y a des livres qui laissent des traces, non parce qu’ils cherchent à convaincre, mais parce qu’ils passent en force. Carnes d’Esther Teillard et Villa Bergamote de Mona Messine en font partie. Deux romans sans concession, qui choisissent le risque plutôt que le confort, le mordant plutôt que le bienveillant – et qui, chacun à leur manière, mettent le feu aux conventions du récit féminin.

Chez Esther Teillard, c’est une écriture à vif, tout en nerfs et en griffures, qui suit les dérives d’une narratrice sans nom entre Marseille et Paris. Des plages brûlantes où bronzent les cagoles aux milieux arty parisien, elle traverse des lieux où le désir n’est jamais neutre, où le corps est terrain de violence, d’épreuve et de revanche. C’est une prose qui cogne autant qu’elle palpe, traversée par les noms de femmes mythiques – Hestia, Médée, Ève – comme autant de masques pour dire l’insupportable. Carnes, c’est la chair sans fard, le féminin dans ce qu’il a de plus exposé, de plus insurgé.

Chez Mona Messine, la violence se drape d’un autre langage – plus joueur, mais tout aussi acéré. Villa Bergamote met en scène une outsider propulsée malgré elle dans les coulisses d’un pouvoir mafieux et grotesque. Le luxe, la corruption, les héritiers, les armes planquées et les cocktails trop sucrés sirotés dans une villa des Antilles composent un théâtre où la narratrice, Roxane, observe et encaisse. Mais derrière cette passivité de surface, c’est une parole souveraine qui s’élève : ironique, féroce, consciente de sa condition de pièce rapportée dans une dynastie de ploutocrates. L’humour ici est un scalpel, la langue, un territoire de résistance.

Ce qui unit ces deux romans ? Une manière de raconter les femmes sans les lisser. Une attention aiguë à la violence systémique, qu’elle soit sociale, sexuelle ou symbolique. Et surtout, une langue à contre-courant, nourrie de colère, d’intelligence et de jubilation. On ressort de ces lectures à la fois dérouté et galvanisé, avec le sentiment d’avoir été invité à un grand carnaval du réel – où la parole ne s’excuse pas d’être outrée, ni d’être outrancière.
Esther Teillard et Mona Messine dialogueront autour de ces univers où l’intime rime avec politique, où les héroïnes, gouailleuses ou mutiques, ne demandent pas la permission d’exister. Un moment rare avec deux voix qui comptent déjà, et qui ne comptent pas s’arrêter là !


À lire

  • Mona Messine, Villa Bergamote, Bouclard, 2025.
  • Esther Teillard, Carnes, Pauvert, 2025.

Retrouvez Esther Teillard pour une sieste acoustique le samedi 31 mai à 14h30 au conservatoire Pierre Barbizet.

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