Une autrice au musée — Rim Battal

© Baptiste de Ville d Avray

Lecture-performance suivie d’une rencontre
Samedi 28 juin à 16h au Centre de la Vieille Charité

Rim Battal, poète et romancière, est la première invitée du cyle  Un auteur au musée, une nouvelle proposition du festival Oh les beaux jours ! pensée avec les musées de la Ville de Marseille. Développant une prose engagée et sensuelle, Rim Battal met en vers le corps féminin, le désir et la sexualité.

Pour l’exposition Tatouages. Histoires de la Méditerranée, elle revient sur ce motif qui parcourt son œuvre, à l’image de ce quatrain :
Tous les corps sont tatoués
tous les tatouages approximatifs
ils sont
[comme les poèmes] les essais des sans bagage.*

Vous avez visité l’exposition afin de préparer cette rencontre. Qu’avez-vous découvert lors de cette visite ?

Je connaissais le tatouage d’identification par ma grand-mère, parce qu’elle était tatouée. Elle venait d’une certaine tribu et son tatouage affichait son statut marital. C’était ornemental, mais cela comportait des informations. Quand à la fin de l’exposition on voit une jeune fille avec “Pay me” tatoué sur la poitrine, je trouve ça formidable qu’avec un même outil on puisse faire autant de choses différentes ! Les tatouages des prisonniers m’ont aussi beaucoup touchée. Parfois il y a des noms de villes, des noms d’êtres aimés, des visages d’enfants… C’est ce que l’on emporte avec soi quand on n’a rien, que l’on est coincé entre quatre murs. C’est tout ce que l’on peut garder comme souvenirs et comme surfaces de projection.

La trace et le corps sont au cœur de votre œuvre. Il n’est pas rare d’y trouver des références au tatouage.

Dans mes textes, je parle beaucoup de corps et le tatouage aujourd’hui est l’une des choses les plus intéressantes à aborder. C’est passionnant de voir comment le texte habite le corps, comment il est porté par le corps et l’accompagne de manière littérale. Pour les femmes, c’est un outil très fort d’affirmation de soi dans un monde patriarcal où l’on est souvent dépossédée de son corps et où l’on croule sous les injonctions. C’est une façon de dire que ce corps est le mien. Je choisis ce que je vais tatouer et je marque quelque chose d’indélébile. Comme un drapeau planté sur le territoire le plus intime qui soit.

À travers l’exposition, on parcourt l’histoire du tatouage en Méditerranée, des pèlerins chrétiens du Moyen Âge aux vêtements de Jean-Paul Gautier, des poteries millénaires aux traditions amazighes. Quel regard portez-vous sur le tatouage contemporain dans notre société ?

Le tatouage reste subversif, stigmatisé, c’est un acte de transgression. Tout le monde va avoir son avis et son mot à dire, mais cela ouvre le dialogue, crée du lien. On se pose des questions les uns les autres sur nos tatouages. On s’extériorise plus fortement qu’avec nos habits. Ce qui me marque, c’est ce que cela montre de la détermination de soi et de la manière dont on manifeste une sorte d’intériorité sur le corps, sur la peau. C’est notre enveloppe, la surface avec laquelle on se présente au monde.

Retrouvez Rim Battal à la Vieille Charité le 28 juin à 16h pour en savoir plus !
Entrée libre pour la lecture-performance suivie d’une rencontre (ne donnant pas droit à la visite de l’exposition, infos et tarifs sur le site du musée).

 

Un lion de laine blanche s’imprime /
sur ma peau imperceptible à l’infini*


À lire
Rim Battal,
Je me regarderai dans les yeux, Bayard Récits, 2025.
Rim Battal, x et excès, Le Castor Astral, 2024.
*Rim Battal, Les Quatrains de l’all inclusive, Le Castor Astral, 2021.

20 juin 2025
3 min.

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